Au nom de Dieu, celui qui fait miséricorde, Le Miséricordieux, le Dieu Très Haut a dit : " As-tu remarqué que les compagnons de la caverne et de la tablette constituèrent parmi nos signes un prodige ? Lorsque les jeunes gens se réfugièrent dans la Caverne, ils dirent : Notre Seigneur, prodigue nous de ta part miséricorde et prépare nous droiture dans notre sort. "
On posa cette question à Ibn Abbas : "Quel est dans le Qoran le signe le plus merveilleux ?" Alors il récita : " As-tu remarqué que les compagnons de la Caverne et de la tablette constituèrent parmi nos signes un prodige ? "
Et il raconta :
Dans l’ancien temps, il y avait une ville appelée " Afsus " ancienne Ephèse. Son roi s’appelait Dèce, il se prétendait être la divinité et opprimait les gens.

- L’empereur Decius
Par son oncle maternel, il avait six cousins : le 1er Talimkhà, le 2ème Maksilminà, le 3ème Nurksinà, le 4ème Iliaùs, le 5ème Qartanùs, le 6ème Qastahinà et leur chien dont le nom était Qitmir.
Un jour Talimkhà, en plein milieu de la nuit regarda le ciel couvert d’étoiles, il réveilla ses frères et leur demanda : "Qui adorez-vous ?" Tous répondirent : " Le roi Dèce ". Il leur demanda alors, "Mais ce ciel, ces étoiles, cette terre qui les a créés, qui a rempli les mers, fait couler les rivières ?" et il leur dit : "Le Dieu qui a créé tout cela est plus puissant et plus fort que le roi Dèce. C’est le Dieu de Moïse et des prophètes antérieurs à lui".
Ils répondirent : " Oui, mais nous avons peur pour nous-mêmes et pour nos biens de ce roi oppresseur. " Il reprit " Au fond nous adorons le Dieu du ciel la nuit et nous servons le roi Dèce le jour. " Alors, ils se prosternèrent et demeurèrent agenouillés toute la nuit.
Iblis, le diable, le sut et les épia dans le culte qu’ils rendaient à Dieu et dans le rejet du culte des idoles et de l’impiété. Il alla trouver le roi Dèce et lui dit : " Tamlikhà et ses frères mangent vos ressources et adorent un autre dieu que lui. " Le roi Dèce ordonne qu’on les lui amène et leur demande " Qui adorez vous ? " Ils disent adorer celui qui les habille, les nourrit et les guérit. Le roi Dèce reprit : " Ils disent vrai, c’est moi qui les nourrit, leur donne à boire et les habille. " Le jour suivant, Iblis le maudit, entra chez Dèce et lui dit : " Ils adorent une divinité qui s’appelle Dieu. Pour savoir la vérité, faites les jurer par le Dieu qu’ils adorent.
Interrogés, Tamlikhà répond au roi : " Insensé, est-ce vous qui avez étendu cette terre, créé le ciel, rempli les mers et affermi ces montagnes " et ajoute : " Nous adorons celui qui a créé tout cela, vous et aucun autre n’êtes capable de tout cela ". Courroucé, le roi Dèce ordonne de leur lier les mains, de leur attacher les pieds et de les jeter en prison.
Lors d’une fête officielle, le roi Dèce et tout son royaume, petits et grands, avaient quitté la ville pour 7 jours et fait fermer les portes avec des chaînes , alors que Tamlikhà et ses frères étaient toujours en prison, l’ange Gabriel avec son frère Michel lui apparut et lui indiqua un stratagème pour sortir de la ville. Après s’être fait ouvrir les portes de la prison par la ruse, Tamlikhà fit confectionner par un orfèvre un sceptre d’or et une boule d’argent pour chacun d’eux. Tamlikhà frappa la boule d’argent avec le sceptre d’or et les portes de la ville s’ouvrirent avec la permission du Très Haut et la boule qui roulait parterre devant eux les guida vers les montagnes.
Alors qu’ils approchaient de la montagne, ils rencontrèrent un berger avec son chien. Ils lui racontèrent tout depuis le début, rassurés par l’attitude du berger qui leur dit : " Je m’enfuis vers l’endroit où vous vous enfuiez et j’adore ce que vous adorez. Ils partirent ensemble, le chien suivant son maître.
Le berger leur dit qu’il tenait à la compagnie du chien qui se prosternait en même temps et place que lui. Tamlikhà voulait chasser le chien craignant d’être repérés à cause de lui. Quand soudain, le Dieu Très Haut ordonna au chien de parler dans une langue éloquente : " Il n’y a de divinité que Dieu et il ne tolère aucun associé à lui-même. Hé, les jeunes ! Au nom de ce qui vous fait fuir ne me chasser pas. Moi, je le connais bien avant vous ! et à vous suivre, je ne suis pas malheureux. "
A cause de la parole du chien, le groupe augmenta son obéissance et son ascèse. En effet, il est dit dans le Qoran : " Nous avons développé leur rectitude. Ils reprirent leur marche et s’arrêtèrent pour se rassasier dans une prairie au pied d’un arbre immense où coulait une source à laquelle le berger emplit une outre.
Ils gravirent la montagne, la chaleur était très forte et le chemin très difficile. Ils arrivèrent jusqu’à une caverne où ils s’abritèrent de la chaleur pour un moment et Dieu fit tomber sur eux le sommeil et ils s’endormirent. Alors le chien étendit ses pattes de devant sur le sol à l’entrée de la caverne et il s’endormit aussi.

- Caverne des Sept Dormants d’Ephèse
Le roi Dèce de retour à la ville lança ses troupes à leur suite. Elles arrivèrent prés de la caverne et s’avançant pour l’inspecter, ils virent alors le chien à l’entrée qui étendait ses pattes de devant. Le Dieu Très Haut suscita dans le cœur du roi et de ceux qui l’accompagnaient une sorte de crainte révérencielle. Ils prirent grande peur de ce qu’ils voyaient, ils firent demi-tour.
Le roi et ses ministres ayant vu Tamlikhà et ses frères endormis dans la caverne ; et seulement vêtus de robes de laine au lieu de brocards de soie ne voulurent les punir davantage et dirent : " Ils ont délaissé nourriture délicieuse, habits doux et boisson fraîche ; ils ont préféré cela plutôt que de rester avec nous. " Ils retournèrent à la ville.
Le roi Dèce vécut encore 103 ans et cent ans plus tard Dieu envoya Jésus fils de Marie. Ses habitants accueillirent la foi et il leur désigna un roi. Or Dieu avait envoyé sur Tamlikhà et ses frères un sommeil de 309 ans, les confiant à un royaume d’anges pour les retourner tantôt à droite tantôt à gauche alors que le chien étendait ses pattes de devant pour lui servir d’oreiller.
Lorsque Dieu les réveilla de leur sommeil, ils s’interrogèrent et ne virent que peu de différence à la hauteur du soleil et le berger aucune différence dans la quantité d’eau dans l’outre. Ils dirent nous sommes restés là qu’un jour ou une partie d’un jour. Tamlikhà ayant avec lui quelques pièces de monnaie, tous ayant très faim ils lui demandèrent d’aller chercher à la ville, sans se faire reconnaître, quelque nourriture. Ce qu’il accepta.
Tamlikhà sortit et rejoignant la prairie fut surpris de ne retrouver aucune trace du grand arbre et de la source. S’étant étonné de ne plus reconnaître le pays, croisant un berger il l’interroge sur le retour du roi Dèce de la fête. Celui-ci fort étonné lui dit : " Par Jésus fils de Marie, je ne connais pas ce nom dont vous parlez ." Posant de nouveau sa question à deux vieux hommes, il s’entend demander s’il dort ou s’il est réveillé. Aucun d’eux n’ayant jamais entendu parler du roi Dèce. Après les avoir quittés, il arriva à une porte de la ville. Or il était écrit dessus le fronton : " Il n’y a de divinité que Dieu et Jésus est son messager " Il en fut surpris et pénétra dans la ville.
Il rentra dans une boulangerie et voulu payer avec sa monnaie frappée à l’effigie du roi Dèce.

- Monnaie de l’Empereur Decius
Le boulanger demanda à Tamlikhà d’où il tenait cette monnaie n’ayant jamais entendu prononcer le nom du roi Dèce.
Conduit chez le juge puis avec lui chez le roi, Tamlikhà persiste à dire qu’il est sorti " hier de la ville alors que tous utilisaient cette monnaie. " On lui demanda s’il a trouvé un trésor et pourquoi étant sorti hier de la ville, il n ’y reconnaît personne. "J’y reconnaîtrai dit Tamlikhà ma famille, mes voisins, ma femme et ma maison."
Le roi s’embarque alors avec le juge et tous les gens de la ville derrière lui à travers les rues, mais il ne reconnaissait pas le chemin de sa maison et il en était stupéfait.
Tamlikhà regarda le ciel et fit cette invocation : " O Dieu des cieux et de la terre, montre-moi ma maison. " Le Dieu Très Haut inspira à Gabriel ceci. " Descend auprès de Tamlikhà sous la figure de ses voisins. Gabriel descendit donc et se dressant devant Tamlikhà lui montra sa maison. Tamlikhà la désigna alors au roi qui fit sortir le propriétaire et lui dit : " Vieillard ce jeune homme prétend que c’est sa maison. "
Celui-ci répond qu’il a hérité de son grand père sa maison et que personne ne lui a jamais disputé sa maison. Tamlikhà prié d’expliquer ce qu’il en est de son insistance dit qu’il y a au milieu de la maison deux pierres creusées contenant l’une de l’or, l’autre de l’argent à l’effigie de Dèce. Le roi ordonna de faire les recherches et Tamlikhà ayant découvert les pierres, le roi lui reconnaît un droit supérieur au vieillard. Celui-ci tend alors la main vers une boîte en or contenant un livre ancien en hébreu contant l’histoire de Tamlikhà fuyant le roi Dèce avec ses frères et le montrant le reconnaît comme étant le grand père de son grand père.
Tous alors accompagnent Tamlikhà à la caverne. Tamlikhà entre seul pour retrouver ses frères et il leur dit qu’ils sont restés 309 ans à dormir et que s’ils veulent sortir tout le monde les montrera du doigt. Ils répondirent : " Qu’on en rajoute plus. " Invoquant alors le Dieu Très Haut pour qu’il reprenne leurs âmes à cette heure même. Ils levèrent les mains et invoquèrent le Dieu Très Haut. Il prit leurs âmes et ils moururent jusqu’au dernier.
Devant leur retard, le roi entra et les trouva morts jusqu’au dernier. Il pleura à chaudes larmes. Puis les ayant fait envelopper dans des habits de brocard et placer dans des cercueils d’or, cette nuit-là, il s’endormit à la caverne. Il les vit alors en rêve qui lui disaient : " O roi nous ne désirons rien d’autre que le coton et la poussière. "
Il ordonna alors qu’ils soient enlevés de ces cercueils, enveloppés dans du coton et ensevelis dans la poussière. Il construisit sur eux une mosquée dans laquelle on prie encore maintenant. Quiconque a une demande à faire va dans leur mosquée : Ils invoquent eux-mêmes le Dieu Très haut, Ô combien aimable, et le Dieu Très Haut exauce sa demande avec leur bénédiction.
Ici se termine ce qui nous est parvenu sur l’histoire des gens de la caverne. (Récit rédigé à partir du texte d’Ibn Abbas.)