"Celui qui est entré dans le courant meurt et renaît SEPT fois. C’est alors qu’il devient Saint." (Le Livre de Vérité - I - Enseignements du Bouddha)


La fête de l’âne
mardi 28 décembre 2004

par Aymeri


Si Midas fut destinataire d’oreilles d’âne qu’Apollon lui décerna, Isaïe (en 1,3) fait remarquer : "Le bœuf connaît son possesseur et l’âne, l’étable de son maître....".
C’est une façon de mettre en lumière une idée chère au christianisme : il y a plus d’intelligence dans la foi des simples d’esprit que chez les savants.

Un commentaire de Saint Augustin devient particulièrement intéressant : "Contemple la crèche. Ne rougis point d’être la monture devant le Seigneur. Tu porteras le Christ, tu avanceras d’un pas sûr par les chemins : le voyage dépend de toi. Vous souvenez-vous de cet âne sur lequel le Seigneur s’est présenté ? Que nul n’ait honte, cet âne, c’est nous-mêmes. Que le seigneur nous monte et qu’il nous appelle pour aller là où il voudra. Nous sommes sa monture et nous allons à Jérusalem. C’est lui qui nous monte et nous ne sentons pas opprimés mais élevés. Nous l’avons pour guide et nous ne perdons pas le chemin ; nous allons à lui par lui ; nous ne mourrons pas."

Selon toute probabilité, c’est sur ces commentaires que se fondent les fêtes de l’âne : elles avaient lieu le jour de la Circoncision, selon un rituel complexe, d’après les renseignements retrouvés sur le missel de Besançon composé par Pierre de Corbeil, archevêque de Sens, mort en 1222. Tout d’abord, l’âne est mené par deux chanoines jusqu’au pupitre. Il est parfois monté par une jeune femme qui porte un enfant dans les bras et personnifie Marie. On entonne alors à pleine voix la fameuse louange de l’âne : cris par lesquels on chante ses vertus en imitant ses braiments. C’est ensuite une explosion d’allégresse, le Conductus ad ludos, cortège avec chants qui proclament les miracles de la naissance du Christ. Finalement on conduit l’âne hors de l’église et, commence alors, un défilé burlesque dans les rues de la ville.

D’après l’évêque rapporteur de la fête de l’âne, et l’enthousiasme qu’il met à décrire avec précision la scène, il semble que quelque part, il y a un vrai désir de rendre justice au plus humble et au plus faible... On peut y ajouter que dans la religiosité populaire, et en particulier dans le monde paysan, les festivités et la foi profonde ne sont pas en contradiction. Les exemples sont nombreux.

Les allusions de l’Ancien Testament permettent de mieux comprendre le rôle de l’âne auprés de la Sainte Famille, réchauffant avec le bœuf, l’Enfant Dieu dans son berceau , portant la Vierge à l’Enfant durant la fuite en Egypte, choisi comme monture du Christ pour son triomphe des Rameaux dans l’entrée dans Jérusalem. Sa présence dans la crèche est une invention qui prouve l’affection populaire pour l’animal dont l’humilité, la patience à recevoir les coups, séduisaient les classes misérables.

Il semble que l’histoire de l’ânesse de Balaam ait été le motif pour introduire l’animal dans l’église au cours de la fête de l’âne. De plus, le thème de l’âne jouant de la lyre, que l’on trouve sur les façades des édifices religieux, inspiré par Boèce par une fable de Phèdre, vise la paresse spirituelle considérée comme un grave danger pour les moines de l’époque. En sens inverse, l’affection du peuple pour l’âne qui, dans ce cas, incarnait la paresse était comme une revanche contre les corvées auxquelles il avait été soumis.

L’âne est l’un des animaux les plus chargés de symbolisme et très utilisé par les légendes de vertus humaines... Le Moyen Age lui rendit honneur. Néanmoins, certaines pauvres verves d’esprits forts ont déformé les faits à la seule fin de les ridiculiser ! Mais les Ecritures et la Tradition restent bien claires et lumineuses pour cet adorable animal.

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 La photo de l’ânon provient du site http://fete.ane.free.fr/.
 L’illustration de la fête de l’âne ou des fous provient de http://pages.infinit.net/folken/.


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