Dieu s’incarne lorsque le monde est en crise, là où elle est si grave que l’espoir humain est impossible.
Lorsque Jésus, Verbe de Dieu, Logos, prend chair en Palestine, Israël est sous l’implacable loi matérialiste des maîtres du monde, Rome.
Le monde antique a perdu ses vertus et sa grâce, son innocence et ses intuitions.
Mais si Dieu ne s’incarne pas n’importe quand, n’importe où, il ne s’incarne pas non plus n’importe comment.
Mircea Eliade disait qu’il a fallu des générations d’initiés pour arriver à la pure matrice de la petite Myriam.
Il faut encore que le Saint Esprit qui est Feu, transmis ou représenté par l’archange Gabriel se fasse porteur de la semence du Père pour féconder cette divine matrice.
C’est l’Immaculée Conception.
Et si le mythe Hindou nous indiquait les prémices de toute fondation spirituelle en tant d’expressions permanentes de la Tradition Primordiale ?
L’idée de l’incarnation de Dieu, insaisissable, problème éludé, absurde non-sens, voire blasphème pour une bonne part des traditions religieuses de la planète, est la spécificité du Christianisme. Pourtant dans la notion même de l’Avatar, elle est entièrement contenue dans l’aspect le plus élevé des religions Hindoues.
Je ne trancherai pas pour dire qui, du Christianisme et de l’Hindouisme, vient tenir les promesses de l’autre, qui accomplit l’autre.
C’est comme si Christ, annoncé à la terre entière dévoilait entièrement le principe de l’Avatar enfin, une fois pour toutes, et pour l’éternité dans une ampleur indépassable.
Mais quoiqu’en disent peut-être les Eglises ou leurs ministres que je respecte véritablement, je ne vois aucune concurrence possible, aucun amoindrissement par le Christ de la Lumière des Avatars Hindous du passé, du présent et de l’avenir.
Le mythe de la naissance de Muruga développe et expose le prototype de l’Avatar.
Nous allons bientôt revenir à nos moutons ou enfin à notre Agneau de Dieu car cet article vise à éclairer autant qu’il m’est possible, et ce, sur sa demande, le clair obscur du poème de notre ami Vignesh qui m’a précédé sur ce thème dans le sillage : « Agni Ose. »
Mais signalons tout d’abord que l’agneau figure dans le 18e degré du REAA de la franc-maçonnerie.
Ce grade est désigné comme : « Chevalier d’Orient et d’Occident ».
Animal sacrificiel des trois religions Abrahamiques, il désigne en outre, ici, le feu c’est-à-dire Agni, représenté dans la symbolique Hindoue par un bouc.
Muruga, terme propre à la tradition des tamoules de l’Inde du Sud, celle de l’Inde noire dravidienne, de l’Inde antérieure, est l’un des deux fils de Shiva.
Alors comment va-t-il naître ?
Dans le temps hors du temps, puisque cela se passe dans le monde des dieux, le démon Tarâka et sa légion d’Asuras régnaient sur les trois mondes plongeant les dieux dans une désolation sans bornes.
Ils implorent alors le plus grand d’entre eux, le Seigneur Suprême Shiva afin qu’il les aide.
Shiva va émaner un fils Muruga ou encore Skanda - ce qui veut dire semence.
On me dira qu’il est curieux de dire que Muruga serait le prototype de tous les Avatars s’il est le fils de Shiva alors que les Avatars sont principalement des envoyés de Vishnou, la seconde « personne » de la trinité Hindoue.

- Karttikeya
Disons que les histoires de rivalités entre les trois dieux que nous retrouvons dans les Puranas et qui ne sont pas prises au tragique font tout de même la bonne part à Shiva identifié au Dieu Suprême. Parasu Rama l’Avatar qui précède Rama ressemble plus à un Avatar de Shiva que de Vishnou et Rama n’accède au statut de Maître qu’après avoir tendu et brisé l’arc de Shiva, épreuve qui lui permet d’être complet en épousant Sita.
Shiva a toujours la préséance. Il est le dieu de la destruction mais il est aussi Brahmâ et Vishnou pour la création et la préservation de l’univers.
Pour donner naissance à Muruga il se fait bien créateur.
Il ne peut, il ne parvient pas à détruire le démon Tarâka. Il va donc « émaner » une graine si puissante que seul le Dieu Agni pourra la porter. Il la prendra en fait dans sa bouche, ce qui est logique puisque qu’Agni est la bouche sacrificielle des dieux.
Il faut noter que ce n’est pas l’épouse de Shiva, Parvati qui va recevoir la graine de l’enfant Dieu, mais Agni, c’est peut-être la raison pour laquelle elle va la maudire. Mais nous verrons que Parvati va bientôt se rattraper dans cette histoire.
Est-ce que cela ne suggère pas cependant l’Immaculée Conception du Christianisme ? Et que nous retrouvons dans la naissance de divers Avatars ou héros divins rédempteurs, c’est bien connu.

- Muruga
Dans le mythe Hindou, tout est compliqué à souhait avec fantaisie, bonheur et démesure alors pour faire simple disons maintenant qu’Agni va rejeter cette graine dans le Gange, qui est une déesse aussi et dans lequel sont en train de se baigner les six « Krittika » les déesses des Pleïades, épouses de Grands Rishis ou Maîtres Cosmiques. La Ganga deviendra sa matrice et les Pleïades, ses nourrices, ce qui va l’obliger à avoir six têtes. D’où l’un des noms de Muruga : « Kârtikkeya ».
Mais sans Agni au départ, on est bien d’accord, n’est-ce pas, rien de tout cela n’aurait été possible, aussi Muruga est-il encore nommé « Agni Abhu », ce qui veut dire : né du feu.
Peut-être que nous devinons un peu mieux à présent le sens du poème de Vignesh si on sait que dans la kabbale hébraïque, la lettre Shin est l’une des trois lettres Mères de l’alphabet, qu’elle désigne l’élément Feu, ajoutée au Nom de Dieu Yhavhé, elle fait Ieshoua ou Jésus.
Poursuivons avec un autre nom de Muruga car ce n’est pas là une simple accumulation, nous découvrons à chaque fois un aspect du mystère Divin.
Muruga est encore nommé Kumâra. Il est l’éternel adolescent Sanat Kumara que la tradition Hébraïque nomme Melkisedeq, Melchisédek ou Malki-Sèdèq.
Christ de par son statut de Messie descendant de David est prêtre dans l’Ordre de Melkisedeq de même que tous les Avatars sont des incarnations de Sanat Kumara.
Mais ce n’est pas encore tout, il nous faut terminer notre histoire.
Muruga, on s’en doute va après bien des batailles mettre un terme à la carrière du démon Tarâka, il représente la victoire de la Lumière sur les Ténèbres. Il accomplit la volonté du Père, réalise le Père, devient l’égal du Père ce qui réalise la médiation du troisième terme comme dans la trinité chrétienne entre le Père, Le Fils et le Saint Esprit ou encore la Mère de Dieu. Ainsi donc, il ne peut réaliser son exploit que grâce à sa lance divine, le Vel, cadeau de sa Mère Parvati.
Oui, oui, je sais, Muruga est un garçon qui a une histoire compliquée qui donnerait beaucoup de soucis aux disciples de Monsieur Freud.
Agni, un bouc est sa mère porteuse, Ganga sa matrice, les Pleïades, ses nourrices et cependant c’est Parvati qui lui fait des cadeaux pour son anniversaire (je n’ai pas dit pour Noël, Jésus n’est pas encore là, attention, suivez bien !), car Parvati est quand même sa mère.

- Le Vel
Je vous avais dit que Parvati allait se rattraper et c’est fait.
Ce Vel, c’est la plus puissante des armes divines, il est la Mère Divine elle-même, Parvati en pure Lumière en feu. Elle n’est autre que la terrible déesse Kundalini qui doit s’élever du sacrum pour ouvrir tous les cakras de long de l’épine dorsale jusqu’au Golgotha, le lieu dit du crâne.
Vous l’avez reconnue, je pense, la lance du destin, la lance du centurion, la lance de l’ennemi qui devient l’aide suprême lorsque toute dualité est dépassée sur le Tau de la crucifixion de l’ego.
Il me faut une chute analogue à celle du poème de Vignesh mais je vais la choisir dans une formule désopilante car il est temps de dédramatiser notre quête, je vais faire semblant de la brader mais ne vous y trompez pas trop, le vrai chemin n’a jamais été facile, c’est toujours un chemin de croix. C’est cependant l’apport de la grande détente que nous offre dans notre recherche les hight technologies spirituelles de Mère l’Inde lorsqu’elle nous présente la vie spirituelle comme un jeu.
Chers fils et filles du Feu,
le cri des soldes est le même que celui de la soldatesque :
Tout doit disparaître !
Consumatum Est !
