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Pèlerinage à Compostelle par le Camino del Ebro

Etape 8 : De Fuente de Ebro à Zaragosa par Burgo de Ebro
Camino del Ebro : 209 km déjà parcourus

par El Peregrino


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Mardi 12 septembre 2006
Etape de 28 km

J’ai passé une bonne nuit grâce à ce curé de Fuente de Ebro... À six heures je me réveille sans réveil, mais un peu perdu dans le noir complet et sur le moment je ne sais plus où je suis... Je retrouve là une sensation connue quand je voyageais beaucoup pour mon travail. À 7 heures je suis déjà dans la rue. Un bar est ouvert au bord de la route nationale où la circulation des camions semble déjà très importante. Il est vrai que pour eux Zaragoza est tout proche, environ 30 km.

Bon petit déjeuner, mais voilà, je ne suis pas assez attentif en sortant de la ville et je ne trouve pas le pont qui devait me faire prendre un chemin le long de la voie ferrée... À cette heure les passants sont rares. Un homme m’indique un pont qui s’avère introuvable à deux kilomètres sur la route nationale...!
Le jour se lève à peine, je suis sur la gauche de la route. Les bas-côtés sont très étroits et les poids lourds me frôlent dangereusement en me voyant au dernier moment... C’est une situation intenable. Je profite d’un espace plus large pour m’écarter et réfléchir. Au bout de quelques minutes la clarté du jour s’affirme et dans la pénombre j’aperçois de l’autre côté, à deux cents mètres dans les champs, les caténaires de la voie ferrée qui semblent accompagner la route en parallèle. Théoriquement mon camino devrait être juste derrière ... ! J’attends de longues minutes pour trouver un créneau dans le flot de la circulation et traverser en courant. Course pas très confortable avec cette mochila qui tressaute sur mes épaules. Me voilà du bon côté pour descendre dans un champ labouré et m’aventurer en perpendiculaire à ces caténaires que j’aperçois maintenant un peu mieux... Je marche difficilement et je dois avoir une drôle d’allure au milieu de ce champ à une heure pareille... Voilà enfin la voie ferrée, je traverse sans problème et j’aperçois alors un chemin de terre qui ne peut être que le camino... Surprise, entre les deux un fossé plein d’eau... ! Un rondin qui surplombe à un mètre au-dessus de l’eau semble là pour traverser ce dernier obstacle... ! Que se passera-t-il si je glisse dans l’eau, à un kilomètre à la ronde il n’y a personne... ? J’opte encore pour la prudence en délaissant ce rondin et je descends avec précaution sur le bord du fossé large de deux mètres environ. Il ne semble pas très profond bien que le peu de clarté rende l’estimation difficile... L’eau qui passe dégage une odeur peu agréable. Une pierre semble affleurer, voilà un point d’appui au milieu et, à l’aide de mes deux bâtons, je me décide à sauter... Ouf... ! C’est fait, mes chaussures sont mouillées, mais mes pieds sont au sec... Je suis enfin sur le bon chemin pas de doute et j’ai droit alors à un sentiment de soulagement... Tout va bien.

Ces péripéties matinales semblent anodines, mais elles provoquent un petit stress. Une curieuse sensation d’abandon et de solitude, qui donne aussi la satisfaction de les dominer quand tout se normalise...

J’ai presque oublié mes douleurs matinales, il est vrai que je suis en route depuis huit jours et mon corps commence à moins m’accaparer...
Le ciel est couvert, il fait gris, le paysage terne et semble vouloir me prévenir des abords d’une grande ville. Dans le lointain l’horizon fume un peu, bientôt les industries et les banlieues tristes. En attendant même le chemin est désagréable, les cailloux sont trop nombreux et peu confortables pour le marcheur. Je reste les yeux rivés au sol.

J’ai marché pendant des heures sur un camino impersonnel qui flirtait sans arrêt avec la rectitude de la voie ferrée. Il est 15 heures, les faubourgs de Zaragoza sont presque là. Je contourne un dépôt mortuaire...! Mortuaires pour ces éoliennes gigantesques qui semblent encore plus grandes quand elles sont entreposées au sol les unes à-côtés des autres...
Je suis dans la zone industrielle et je vais bientôt apercevoir les tours de la basilique del Pilar de Zaragoza. Une jeune femme sort d’une usine et semble attendre au pied d’un arrêt de bus. J’engage la conversation et elle m’informe que ce bus arrive à quelques encablures du centre-ville et comme à ce moment ce dernier arrive, je n’hésite pas, je monte avec mon interlocutrice qui gentiment m’expliquera où il me faut descendre. Je veux avoir le temps de voir la cathédrale.

Artère piétonne

Un quart d’heure après je suis en perspective de ce monument, dans une grande artère piétonne de cette capitale de l’Aragon et ses 600.000 habitants.

Il me faut une demi-heure pour déboucher enfin devant cet édifice et un très bel ensemble qui entoure la place devant la cathédrale.

Place de la cathédrale

J’aperçois aussi l’office de tourisme et avant même de me transformer en touriste, je m’informe pour passer une nuit de pèlerin. J’ai un bon accueil et j’obtiens le numéro de téléphone de l’auberge de jeunesse et celui d’une association de Jacquets. Seule l’auberge me répond...! L’homme me demande de venir rapidement car il y a beaucoup de demandes par des jeunes et en fin de journée l’auberge sera peut-être saturée... ! Après cette communication, j’ai juste un moment pour entrer dans la cathédrale. Des instants vraiment insuffisants, mais j’ai aussi des priorités pour mon intendance et je ne suis pas un vrai touriste...
L’office de tourisme m’a aussi donné un plan et il me faut maintenant presque traverser la ville pour rejoindre l’auberge. J’ai comptabilisé 28 km pour ma journée, mais je crois vraiment avoir largement dépassé les 30 km en comptant ma « promenade » dans la ville.
Les grandes villes sont toujours une crainte pour trouver un hébergement et je suis un peu soulagé quand je pénètre dans l’édifice où bavardent en riant quelques jeunes. L’accueil est très sympa et je partage quelques instants avec un réceptionniste qui connaît le Camino et qui me donnera de bonnes indications pour demain.

Je donne quand même 13 euros pour occuper un petit lit dans une chambre de quatre. C’est un peu trop je trouve, mais je ne suis plus un étudiant et il semble bien que je paye un peu plus que les autres... Je sympathise très vite avec les autres occupants qui pourraient largement être mes enfants. Deux sont Français et la curiosité de croiser un pèlerin va nous rapprocher très vite. Ce soir je ne serai pas seul pour souper demain je vous raconterai...

La nuit va être bonne, je suis toujours là, merci à LUI...

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El Peregrino

 La photo du visage vient de Médecins du Monde. Elle est de Franck Deplanque que nous remercions.
 Les autres photos ont été prises par l’auteur pendant son pèlerinage.

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