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Pèlerinage à Compostelle par le Camino del Ebro

Etape 18 : De Azofra par Santo Domingo de la Calzada à Redecilla del Camino
Camino del Ebro : 469 km déjà parcourus

par El Peregrino


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Vendredi 22 septembre 2006
Etape de 26 km

J’ai passé une très bonne nuit à Azofra dans cette petite chambre pour deux. N’avoir personne au-dessus de la tête pendant la nuit rend le sommeil plus serein... Pour le reste rien ne me gêne, les boules Quies m’isolent du reste du monde.

Hier soir, j’ai dîner en tête-à-tête avec un barcelonais d’une cinquantaine d’années. Ce repas s’est agréablement éternisé, nous avons discuté un long moment du régionalisme un peu outrancier des catalans... La discussion fut franche et conviviale malgré la gravité du sujet. Luis est un homme aimable et même si le sujet lui tient à cœur, il sait l’aborder avec réalisme et sérénité. Il y a aussi des profanes qui recherchent l’expression du juste-milieu... ! Luis évoque comme explication l’histoire un peu noire de la Catalogne. Elle fut plusieurs fois persécutée créant avec le temps un désir exagéré de repli sur elle-même par rapport au reste de l’Espagne. Il fait une comparaison avec la France qui a un sentiment de nation beaucoup plus ancien. Aux yeux des hommes de la péninsule, le drapeau de leur province respective semble plus représentatif que le drapeau de la nation... Je ne reverrai pas Luis, un homme cultivé.

Il est 7h30 quand je quitte Azofra. Il fait froid maintenant le matin et ma polaire n’est pas de trop en attendant que le soleil se lève. Il y a bagarre entre lui et les nuages, mais pour l’heure, il ne pleut pas. Nous avons la chance pour l’instant de passer à travers dans la journée, pourtant cette nuit, il a encore beaucoup plu...

Cathédrale de Santo Domingo de la Calzada

J’arrive à Santo Domingo et je m’attarde un peu dans un bar pour un petit réconfort, j’ai faim. Je suis juste à côté de la célèbre cathédrale de cette ville qui est historiquement une des citées représentatives du chemin de Compostelle. La mochila sur le dos je pénètre dans l’abbatiale pour jeter un rapide coup d’œil sur le poulailler... ? Il est toujours là pour rappeler la légende ou le miracle : « De Santo Domingo de la Calzada, qui fit chanter la poule après qu’elle eut été rôtie »... ! Connu aussi sous l’appellation du : « Pendu, dépendu »... !

Cette cité est superbe et chaque maison semble avoir une histoire à raconter. J’ai un peu la frustration de ne pas vous en dire plus sur cette ville, mais il faut que le chemineau que je suis continue son chemin. Sur le Camino il y a toujours en moi ce désir d’avancer et d’aller vers le plus important, mais que j’ai beaucoup de difficultés à expliquer, cet « important »... Il y a là de l’incommunicable... !

Je sors de la ville par le magnifique pont sur l’Oja et je retrouve les flèches jaunes qui doivent me conduire ce soir à Redecilla. Le pays devient un peu plus rude, à nouveau des terres vallonnées couvertes de chaumes, reste du blé moissonné cet été. Avec les jours de chaleur passée la paille noircit et s’altère, le chaume prend alors une couleur grise et un peu triste. Le paysage a un air nostalgique qui n’est pas pour me déplaire, comme s’il s’attristait de la mort de l’été... Bientôt d’autres couleurs, d’autres beautés... !

Là-bas à l’horizon, à environ deux kilomètres, j’aperçois le village de Grañon... C’est curieux, j’ai souvenance les autres années d’un Camino qui évitait le village... ? Les Espagnols sont coquins et aussi commerçants... ! Cette année le chemin passe par le centre du village après nous avoir imposé un petit détour qui grimpe un peu. Oui le village est joli et agréable, mais je prends un malin plaisir à interpeller gentiment quelques vieux habitants assis sur un banc. Je ne suis pas dupe et eux font un peu semblant de l’être avec un sourire en coin pour affirmer que ce nouveau tracé est historique... ! Nous nous quittons dans la bonne humeur après un échange chaleureux et rieur...

Chaumes et dénuement...

Voilà Redecilla, un petit village où je vais passer une nuit dans l’albergue juste en face de l’église. Il est maintenant très bien aménagé et je constate une fois de plus qu’il est préférable de faire étape dans les petits villages quand les circonstances le permettent.

Je retrouve deux jeunes Français athlétiques et sympas qui m’ont doublé plusieurs fois. Je les charrie un peu, ils semblent marcher un peu moins vite depuis qu’ils cheminent avec un pèlerin de rencontre : une charmante jeune femme d’Europe centrale... ! ! !

Pourtant elle m’avait doublé moi aussi et, après un gentil sourire elle s’était éloignée...
Julien un marseillais est là également. Je vais le côtoyer quelques fois pendant les jours qui suivront, mais lui aussi je le perdrai de vue...
Il y a tout dans ce refuge rénové, il y a même le bar fréquenté par les habitants du village. Je m’installe, douche, massage, détente, mais aussi intendance et lavage, le patio va permettre de faire sécher rapidement les chaussettes.
Nous sommes trois ou quatre assis sur un banc devant l’albergue. Nous refaisons gentiment le monde et nous parlons évidemment du chemin, presque entre initiés... Oui, il y a cette connivence entre les hommes qui vivent ce parcours...

Fonts baptismaux romans à Redicilla del Camino

L’église vient d’ouvrir, il est 18h. Avec nonchalance nous avons tous les quatre la rue à traverser pour la visiter. Silence, recueillement sans ostentation, nous nous isolons sans concertation chacun dans un coin... Nous nous donnons alors quelques minutes d’un profond silence, la méditation collective semble évidente... Puis, naturellement, notre curiosité va vers ces fameux fonts baptismaux romans du XIIème siècle dans cette église paroissiale dédiée à la vierge de la « Calle » (de la Rue).

Retour à l’albergue pour se mettre autour d’une table. Le repas sera bon et une formidable discussion sur la religion, les hommes et le Camino, fera que ces moments-là sont de ceux qui font rêver du Camino quand les années en feront un souvenir...

La discussion, la convivialité, le bonheur peut-être, la fatigue aussi... Il est 22h quand je me couche, la lumière n’est pas éteinte que je dors déjà...
Je vous aime, merci à LUI...

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Les photos ont été prises par l’auteur pendant son pèlerinage.

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