Cinq médecins gravissent la colline !
Rencontre avec le Docteur Le Danois
mercredi 10 octobre 2007

par Malwenn


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Donc vous êtes trois, vous avez pris la décision de travailler ensemble, comment avez-vous procédé à la création du groupe ?

Nous sommes trois. Nous voulions valoriser la médecine générale, l’exercer dans les meilleures conditions possibles, donc nous en donner les moyens, les outils. Pour l’un d’entre nous, l’inquiétude d’exercer seul a été déterminante, inquiétude que je n’avais pas tellement ressentie moi-même à cette époque. Très vite, nous avons décidé de séparer logement familial et local professionnel, c’est la grande décision sur laquelle nous sommes partis. Le groupe a commencé en 1961 à 3 : Les Dr J. Beaupère, A. le Danois, Y. Papin.

Ne pouvant faire construire pour des raisons financières, le docteur Beaupère et moi-même louons un local commercial à aménager totalement dans un des premiers bâtiments construits d’une grande cité d’un quartier en bordure de Nantes : l’une des premières grandes cités qui ait été faite dans une grande ville, après la guerre, entre 1955 et 1956. Celle-ci pour douze mille habitants.

Voilà le démarrage du groupe, avec à ce moment-là, un local loué dans la grande cité, deux appartements HLM loués au docteur Beaupère et au docteur Papin, et pour moi-même, par les HLM aussi un appartement mais pas dans la cité.
Pour ce local, nous avons emprunté beaucoup d’argent afin d’aménager une salle d’infirmerie pour les petites plaies, les petites choses, une radiographie, un électro-cardiogramme, afin d’avoir vraiment le matériel. A ce moment-là aussi bien le docteur Beaupère que moi, sur les plans théorique et technique, nous étions vraiment au point pour nous installer en médecine générale. Quand on a fait trois ans d’Internat en étant vraiment responsable des malades, presque plus que le patron, on est au point. Moi, j’ai trouvé ça merveilleux pour m’installer. Le docteur Papin, lui, avait été Externe, ce qui était déjà important à l’époque et il avait son expérience de médecin rural, déjà depuis trois ans. Lui, a tout quitté, tout vendu, payé toutes ses dettes en trois ans. Et il s’est retrouvé là, au cinquième étage d’un grand building de mille deux cent personnes, dans le bruit, la confusion, le tout, d’un seul coup, le rétrécissement, quatre enfants, et là, ça a été très dur pour lui.

Vous partagez un local, des moyens matériels professionnels. Est-ce là ce qui fait le groupe ?

On partage un local mais on partage aussi un projet professionnel dans un milieu où à cette époque, l’indépendance et le « libéralisme » sont ... la règle ! Quels étaient nos objectifs ?
En premier lieu, protéger la famille ; ensuite : être regroupés pour pouvoir entre nous, nous poser, nous soutenir, travailler ; et troisièmement, avoir des outils de travail importants et pouvoir presque tout faire en médecine. Tout ça reposant sur « la masse commune » (voir article suivant).

Mon obsession, c’est d’être compétent, non seulement techniquement mais avec toutes les nouveautés. J’avais déjà repéré qu’en cinq ans on était largué si on n’arrivait pas à lire les revues professionnelles, à se documenter sans cesse. Je n’y ai pas pensé tout de suite et je n’en ai pris conscience qu’au long des années : il fallait cinq à dix heures d’étude par semaine pour être à jour, en dehors des onze heures de travail quotidien, cinq jours sur sept. Donc cinquante cinq heures en gros, sans parler des gardes. La formation continue n’existant pas, il nous fallait la mettre en place entre nous.

Nous voulions de bonnes conditions, aussi bien par rapport à la famille que pour nous, notre métier, et pour les patients : qu’ils soient accueillis, qu’ils soient écoutés, qu’ils soient examinés, qu’ils soient orientés si nécessaire, qu’ils soient suivis. C’est pour cela que ça m’épate que je n’ai pas encore parlé du dossier médical, c’était un élément fondamental de notre mode d’exercice. On ne faisait pas une visite de nuit ou d’urgence sans passer par le local du groupe pour prendre le dossier. Dans la journée c’est la secrétaire qui prépare les dossiers, les rentre, les sort. Une épouse peut faire ça à domicile, je veux bien. Mais, en réalité, ce n’est pas vrai ! Quand il y a cinquante dossiers au moins par jour à rentrer, à sortir, au bout de peu de temps, il en a un tas énorme sur le bureau et puis, petit à petit, il n’y en a plus parce qu’on ne s’occupe plus des dossiers !!! Tous les trois, c’était dans notre contrat d’aller chercher le dossier. Ainsi lorsqu’à trois heures du matin, j’arrivais chez le malade, si c’était un patient que je connaissais, très vite je me remémorais bien la personne mais si c’était le patient d’un autre du groupe, je savais, avant de sonner à la porte, quel âge il avait, ce qu’il avait déjà eu. Enfin, c’est génial pour la personne comme pour moi. C’est fantastique le dossier car c’est la permanence des soins. Ce n’est pas la permanence uniquement pour les urgences, c’est la permanence d’un dossier qui suit quelqu’un. Et ça c’est fou ! C’est merveilleux ! On fait dix fois moins d’erreurs de diagnostic et donc de traitement ! Quelles économies pour la Sécurité Sociale !

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