La clientèle des Illuminés
Rencontre avec le Docteur Le Danois
samedi 13 octobre 2007

par Malwenn


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Est-ce que le quartier, le côté social du quartier a beaucoup influencé votre façon de travailler ?

Un tout petit peu, parce que, en réalité, notre objectif n’était pas sur le plan social comme on pourrait le penser. Nous nous voulions exercer dans de bonnes conditions. Par exemple, il est préférable d’être 5 car il y a 5 nuits de garde par semaine, puis une garde de week end toutes les 5 semaines. Ce détail permettait d’avoir une vie bien organisée sur toute l’année. Cela pourrait se résumer à cette phrase-là.

Donc on ne s’est pas installés par vocation de militants sociaux. C’est pour les bonnes conditions d’exercice, la protection de la famille et les patients.

Nantes, comme toutes les grandes villes à cette époque là, a vu fleurir les cités. Nous avons vécu dans la Cité en envoyant nos enfants à l’école, en faisant partie de l’association de parents d’élèves, certaines femmes de médecins et médecins, en accompagnant, soutenant des jeunes dans la création d’un « ranch », ce qui deviendra plus tard une maison de quartier puis un centre culturel. Nous faisions aussi les visites médicales des groupes de sport. Donc moi je dis un tout petit peu, c’est tout.

L’un d’entre nous avait une préoccupation sociale importante et le souci d’une action politique qui l’a d’ailleurs conduit jusqu’à la Communauté Economique Européenne. Les autres médecins étaient surtout influencés par un militantisme catholique, soutenus par leurs épouses. Là je suis rentré dans l’influence familiale ou sociale d’un groupe. Donc ce n’était pas pour l’argent. Voilà ce que je veux dire.

Est-ce qu’il y avait beaucoup de difficultés financières dans cette première cité, pour payer le médecin ?

Ah, ça c’est intéressant ! Alors ça vraiment, ça surprend tout le monde. On avait une clientèle en majorité de la cité, c’est vrai. Pour ma part deux tiers, un tiers en dehors de la Cité, dans Nantes, les grand bourgeois -le « téléphone arabe »... catholique, même si je ne l’étais plus, les grands commerçants de Nantes parce que j’avais été chef de clinique, parce que j’avais préparé les concours pour devenir patron, donc un tiers tout à fait en dehors, très mélangé et même huppé et bien je vous promets que ce que je vous dis là c’est la vérité : je crois que je n’ai jamais eu un impayé. C’est incroyable hein ? Entre la gentillesse de la secrétaire ou de nous, s’il y en a eu un qui n’a pas pu payer et bien il est venu le lendemain ou trois jours après, mais je sais que je n’ai jamais eu un impayé de ce côté-là. Cependant, de façon anecdotique, dans ma clientèle, quelques gros commerçants pouvaient oublier. Qu’est-ce que c’était pour eux que sept francs (La baguette de pain est à 75 centimes) ? Et bien, de temps à autre, ils oubliaient de payer leur consultation... !

Quel type de relation entreteniez-vous avec votre clientèle ?

Grâce à ces meilleures conditions d’exercice, sans l’avoir voulu au départ, et bien petit à petit, en cinq à dix ans, la confiance des gens pour moi et moi pour eux, la confiance mutuelle, ont fait que je peux vous affirmer que je n’avais pas à faire d’ordonnance une fois sur deux, au moins. Donc sur vingt-deux à vingt-quatre actes par jour, je ne faisais pas d’ordonnance onze fois par jour !

Et je peux ajouter que ça a été un fou rire de temps en temps, pour détendre l’atmosphère. Le fisc a mis un certain temps à se rendre compte que j’avais beaucoup moins de rentrées que les autres. Il y avait donc quelque chose qui n’allait pas. Ce qui faisait que dans les comptes globaux, on n’était pas imposables. Jusqu’au jour ... où l’on constate qu’effectivement je ne prescrivais presque pas de médicaments, même un antibiotique, c’était très rare. En fait je passais beaucoup de temps à expliquer à une mère de famille comment regarder une gorge, comment regarder ceci, etc. C’est tout bête et une fois qu’elle sait faire, elle peut nous expliquer par téléphone et ça élimine des actes. Résultat pratique, bien des gens ne demandaient pas le remboursement de leur consultation parce qu’ils n’avaient pas d’ordonnance. C’est une preuve fantastique que notre abus de médicaments coûte une fortune à la sécurité sociale. Il n’y a pas moyen d’en sortir, les médecins prescrivent. Déjà à l’époque, des médecins disaient « mais ce n’est pas possible si tu ne prescrit pas, les gens vont te quitter ». Mais vous pensez bien que je n’aurais pas pris cette responsabilité si je n’avais pas examiné, à chaque fois, les gens des pieds à la tête. Ca c’est le B-A BA du métier. C’est une question de confiance mutuelle. Enfin, c’est une anecdote mais qui est très instructive. Actuellement, c’est à l’ordre du jour et il y a un exemple concret, il est consultable à la Sécurité Sociale.

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