La foi dans l’homme !
Rencontre avec le Docteur Le Danois
mardi 16 octobre 2007

par Malwenn


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Alors qu’en fait, quand vous étiez petit, plus jeune, vous auriez pensé être prêtre.

Peut-être. Mais ça, c’est sous la pression de ma mère. Elle nous faisait comprendre qu’il n’y avait rien de plus beau. Vous savez, à petite dose tous les jours, on finit par y croire.

Donc c’était simplement quelque chose qui vous était imposé ?
Je le crois. Là, je le crois, oui, maintenant, je le crois.
De plus, ma femme n’avait pas du tout les mêmes œillères ayant vécu complètement en pays arabe, depuis son enfance, Syrie, Liban, Algérie, Maroc (de 5 à 25 ans). Nous nous sommes rencontrés à l’occasion des évènements d’Algérie, au Maroc. Sa famille avait beau être catholique, ils avaient quitté le monde français de la bourgeoisie traditionnelle, et par conséquent, elle n’avait pas du tout les mêmes barrières que moi, le bourgeois Nantais, pas du tout. Elle m’a aidé à enlever mes œillères pffffuiiiiiiiiit ! et à me centrer sur l’aide des personnes dans le malheur, à faire passer l’humain avant les grands principes.

Je crois que ma foi ne devait pas être très solide. Et là je pense que je suis beaucoup plus près de mon père que de ma mère. Parce que mon père, et son père déjà -son père était radical socialiste et anti-calotin, anti-curé, au mauvais sens du terme- était complètement athée, neutre mais athée. Cela ne l’a jamais inquiété, jamais et je l’ai vu mourir, donc ça, je sais ce que je dis. Et la religion, il ne comprenait pas. Il y avait des gens qui avaient des religions ; bien ! ils avaient des religions, lui n’en avait pas et il s’en fichait complètement ; il menait sa vie comme ça. Alors ça aussi c’est très marquant.

Ce n’est pas forcément le signe d’un athéisme. C’est peut-être une tranquillité totale par rapport à Dieu.
Je veux bien. Mais pour lui, non. Ce n’était pas par rapport à un dieu, ni même par rapport à autre chose. Pour lui, il était une fourmi qui est arrivée sur la terre à un moment donné puis qui va repartir dans la terre et puis point. Sincèrement.

Moi, personnellement, je ne crois pas beaucoup à l’athéisme.
Non, mais peut-être, peut-être ça d’accord. Il y a quelque chose qui ne me va pas : je ne me vois pas du tout la fourmi qui est dans le circuit, qui disparaît et il n’y a plus rien. Cela ne me va pas du tout. Je crois en l’homme, réellement. Là vraiment, ça c’est une de mes grandes motivations, qui devait être dans les choix que je faisais, mais alors maintenant beaucoup plus clairement pour moi. C’est ça ma foi, c’est d’espérer que j’aide les gens un peu à être plus détendus, à être plus heureux, à être plus épanouis et puis on progresse petit à petit malgré toutes les merdes qu’il y a dans le monde. Cela alors, je les vois, comme vous aussi j’espère. On a envie de dire aussi, quand on voit toutes les catastrophes, est-ce que vraiment on progresse ? Là, je suis optimiste. Je crois au progrès de l’homme. En tout cas, c’est ce qui me motive dans beaucoup de choses que je fais actuellement. Même en disant cela, j’espère que j’aiderais des gens à y réfléchir. Et en espérant que ça peut aider, point.

Je fais de l’accompagnement scolaire. Je suis content de ce que je fais. Je suis heureux quand j’aide un tout petit qui est complètement exclu de l’école, qui fout le feu aux bagnoles qui brûlent à côté de chez moi, (je suis en bordure d’une grande cité). Et bien donc, là, je suis connu dans la cité, parce que je ne vais qu’à vélo, je suis rarement en voiture, et j’aide des enfants à ne plus être malheureux à l’école, à devenir heureux, et même à damer le pion aux copains ou aux profs. Sur des trucs idiots, hein, mais c’est comme ça. Et l’enfant, à partir du moment où il se sent un peu mieux, il est heureux et je suis content, point. Mais est-ce que c’est une foi ? C’est une foi dans l’homme, je veux bien. C’est là que ça se passe pour moi.

Donc pour vous, c’est être humain, avant tout être humain.
Oui, exactement. Exactement. Je souffre quand je vois autour de moi quelqu’un que je vois malheureux, emmerdé dans des problèmes psy, malheureux parce qu’il a une maladie, etc. et bien là j’ai envie de l’aider. Je ne veux pas non plus être un saint Bernard, je me limite quand même. Voilà. Bien. J’ai répondu ?

Oui, tout à fait.

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La foi dans l’homme !
23 mars 2011, par Isha

Bonjour – moi non plus je ne crois pas en l’athéisme… foi dans l’homme ! Foi en D.ieu ? les deux ne vont-ils pas de pair ? Comment la Foi en D.ieu peut-elle se distinguer de la Foi en l’Homme ? ne pourrait-on pas dire : c’est parce que la Foi que je porte en moi pour D.ieu, que j’ai aussi foi en l’homme ? et la croyance est-elle aussi la Foi ? sans doute peut-elle aider à découvrir cette foi, qui à mon avis lorsqu’elle est réellement ancrée ne peut plus jamais disparaître car elle est là une fois (foi) pour toute quoi qu’il se passe ; et la croyance n’est alors que le succédané de la Foi .
Cette Foi, conduit à une sorte d’indestructibilité intérieure contre laquelle personne ne peut rien, encore moins celui ou celle en qui elle s’est découverte ; c’est intérieur et extérieur en même temps c’est-à-dire qu’au fond cela ne vous appartient pas ! Thérèse d’Avila ne dit-elle pas à D.ieu « Seigneur même au fond de l’enfer, je continuerai à t’aimer » - et je crois que cela aurait été de toute façon ainsi, même si elle n’avait pas été Catholique ! La Foi est en même temps une révélation de D.ieu à l’âme, c’est l’élément qui va servir de levier pour Le découvrir - A défaut, ce n’était pas encore la Foi , ça y ressemblait peut être, mais ce n’était pas encore cela la fragilité de l’humain l’écartant aussi croire n’est pas forcément la marque de la Foi - La Foi est-elle liée à une religion ? est-ce que Foi et religiosité forment ensemble un synonyme ? – Non, je ne le crois pas ! C’est un beau et sérieux sujet.
Il y apparaît dans tout cet échange la trace de ce drame personnel que chacun peut à un moment de sa vie (ou même plusieurs fois) vivre et qui lui fait découvrir une réalité caché qui elle-même occultait une Réalité , ce qui souvent conduit à une sorte de révolte tant intérieure qu’extérieure, générant ainsi d’autres excès. On ne comprend la vie ou les choses de la vie que par son contraire – le bien, le mal, le jour, la nuit etc…. tout est dans cette expérience qui n’épargne même pas ceux et celles qui au fond d’un monastère sont mis à l’épreuve de cette Foi et il est certain que moins protégés que ceux-là, nous sommes tous exposés à des confrontations qui peuvent générer de véritables retournements – On n’a pas besoin d’appartenir à une religion pour être bons et savoir regarder l’Autre que j’ai en face de moi et l’idéal c’est de rester bons même avec ceux que l’on a quittés car si ceux-là mêmes à qui je tourne aujourd’hui le dos n’avaient pas été sur mon chemin, je n’aurais pas su qui j’étais . Ils ne correspondent qu’à un moment (plus ou moins long) de notre évolution.
Cet échange, au fond m’a ému, je ne sais pas pourquoi – sans doute parce que j’ai eu l’impression que l’enfant en l’adulte s’exprimait et je me disais que l’acceptation, à défaut de la foi était aussi la clé de tout – l’acceptation permet de tourner la page.
Aussi soigner les corps c’est aussi soigner les âmes car l’âme a besoin de ce corps pour accomplir sa mission en ce bas monde ! Et tout cela est une histoire de Foi et au fond que des raisons pour ne pas croire à l’athéisme d’autant que "rien" c’est encore quelque chose !
Fraternellement


La foi dans l’homme !
27 mars 2009, par Célestin

Et si on vivait jusqu’à 170 ans ? 17 philosophes mettent Paris en bouteille dans le dernier numéro de "Philosophie Magazine"(N°28) pour fleureter avec l’idée d’utopia. L’un d’eux le transhumaniste d’Oxford Nick Bostrom pense que les recherches des biologistes des généticiens et des médecins peuvent nous faire atteindre cet objectif. Et il pense que d’ici 130 ans la science aura tellement fait de progrès que nous pourrions espérer vivre plus de mille ans. C’est une forme de foi en l’homme. D’ici le prochain millénaire la vie sur terre pourrait changer radicalement mais encore faudrait il que cette victoire sur la vie soit nourrie de spiritualité car la fourmi, même si elle vit mille ans comme dirait La Fontaine n’est pas prêteuse, elle n’est pas méchante certes mais elle n’est pas joyeuse. Quel intérêt ? La cigale par contre loue le Créateur. Etre prêtre, de quelque religion que ce soit, il n’y a rien de plus beau mais être un toubib comme vous Docteur, ce n’en est pas très loin, je le dis sincèrement.Et si on essayait d’avoir foi en Dieu,même sans y croire ?

"Je sais la raison les errances
Je sais la passion l’impatience
Le monde est ce qu’il est
Alors je sais

Je sais les longs silons et les silences

Tout comme d’autres
J’essaie les violons face à la violence

Labyrinthe de l’espoir,
Où l’on enferme, soir après soir
Mais toujours, toujours essayer
D’avancer vers d’autres victoires

Laissez-vous essayer,
Même sans y croire, juste pour essayer

Yannick Noah



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