"...Aujourd’hui, il s’agira seulement de jeter un regard rapide sur les conditions dans lesquelles est plongée une humanité dont le plus léger remous affecte, en bien ou en mal, chacun de nous.
Je reconnais être fondamentalement un incorrigible optimiste. Je ne puis, chaque jour, comme c’est mon habitude, méditer sur la mort sans que ma pensée, avec insistance, revienne sur la vie et s’y attarde.
Les noirs nuages annonciateurs d’orage me conduisent, par-delà eux-mêmes, vers le soleil toujours présent qui, bientôt, à nouveau, brillera. Si l’obstacle se présente, au loin m’apparaissent déjà des lendemains apaisés, et les problèmes, s’ils existent, n’ont de valeur que dans la solution qui les rejettera dans le passé.
La brièveté de la vie individuelle et celle de l’instant qui, à chaque instant, disparaît après avoir enfanté l’instant nouveau, ramènent au relatif ce que, seule, ma préoccupation ou ma pensée pourrait maintenir dans l’illusion d’une durée, voire d’une permanence.
Et je crois vraiment que, si tout un chacun adoptait une vision semblable des choses, les difficultés seraient, pour ainsi dire, jaugées du dehors, évaluées pour ce qu’elles sont, mieux affrontées et plus vite résolues, sans que l’on en soit autrement affecté que par une émotion de passagère surprise.
Autrement dit, chaque jour devrait être pleinement vécu mais être, en même temps, placé dans la perspective du lendemain, et même d’un plus lointain avenir, car c’est la mort, irrémédiable et inévitable, qui renferme toutes les solutions en mettant fin à tous les problèmes. Vus de la sorte, l’existence et son contexte de paix ou de tourment prennent leur juste mesure sans que règne jamais l’indifférence."