"Dans la nuit noire, sur une pierre noire, une fourmi noire. Dieu la voit." |
Les petits cailloux vendredi 20 mars 2015 par Ibis |
Nous sommes quelques-uns à trouver parfois au fond d’une poche ou d’un tiroir une petite pierre, un caillou pour tout dire, qui nous raconte une vieille histoire, qui déclenche en flash des images de scènes anciennes. Probablement nous marchions, le lieu nous a plu, ou bien la situation avait quelque chose de spécial. Alors nous nous sommes baissé, nous avons plié les genoux, parce que là, par terre, un caillou nous a cligné de l’œil. Quoi ! Qu’avait-il cet insignifiant caillou ? Un petit morceau de quartz incrusté ? Une veine rosée ? Était-il tout poli comme un savon, tout doux ? Allez savoir… Le fait est qu’il a rejoint notre poche ou notre sac, puis du sac, un de ces pots à fourre-tout comme il s’en trouve près des portes d’entrée, à moins que, témoin de plus nobles émois, il orne un espace de notre bibliothèque, ou, plus prestigieux encore, le voisinage d’une image sainte et l’ustensile à encens de notre autel. Le jeter ? Que non ! Ce serait jeter avec cet instant que l’on veut éternel, ce coucher de soleil, ce bruissement dans les arbres, ces confidences à demi murmurées, à moins que l’on ne sache pas vraiment quoi, une communion subtile que l’on veut voir perdurer. Alors de son piédestal, rejoint-il la poubelle ? Non pas, mais une boîte, dans laquelle il retrouvera un étrange trésor composite. Il y a dans ces petits cailloux la richesse des ors de Babylone. Il était là tout humble, et anonyme, et par la force de notre poésie, il devient l’immortel témoin d’un instant fugitif. Sa minéralité conserve en son vibrant sein, mieux que ces versatiles bouts de bois bons à procurer de la force aux chevaliers en herbe, mieux que les fleurs qui ornent le temps d’un clin d’œil tables et guéridons. Rien d’intellectuel, d’élaboré ici, nous sommes au royaume d’enfance, où le lien aux êtres et aux choses est direct, dans une magie instinctive. Au milieu des symboles et des images saintes composés par d’autres, il y a ce petit caillou. Qui peut dire le rôle qu’il joue dans l’évolution spirituelle ? Cet éclat absolument personnel et secret pourrait bien éclairer tout l’ensemble, témoin de nos hautes aspirations et de nos gouffres, de cette parcelle de soi que nous ne voulons pas laisser filer, la plus intime, la plus vivante, la plus indicible, celle qui chemine. |
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Les photos ont été prises par les "Baladins de la Tradition". |
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