Le Supramental : une autre planète (2)
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Le début de cet article s’intitule Le Supramental : une autre planète. Vous pouvez le consulter en cliquant sur ce lien. Peut-être que celui ou ceux des lecteurs encore peu introduits dans la vie et l’œuvre de Sri Aurobindo, nous sauront-ils gré de pouvoir se repérer par le moyen des grandes dates de cette vie d’une richesse rayonnante, en tirant au passage quelque fruit de l’extraordinaire Aventure ? L’enfant naît le 15 août 1872 à Calcutta dans un milieu plutôt bourgeois (le père : Krishnadhan Ghose était médecin), reçoit une éducation à l’anglaise, puis devient l’étudiant déjà révolutionnaire en Angleterre à Manchester, en compagnie de ses deux frères - lui, très vite élève prodige, poète, polyglotte, et tous trois pauvres. Aurobindo Acroyd Ghose (du nom d’une marraine anglaise - ironie du sort) entre très jeune dans la clandestinité à l’encontre des Anglais, adhère même à une société secrète d’appellation peu pacifique (Lotus and Dagger - Lotus et poignard). A l’âge de vingt ans, il rentre définitivement aux Indes (1892), nanti d’un savoir tout occidental, très cultivé. On s’étonnera, à juste titre et a priori, du mouvement de cette nature appelée à gravir les plus hautes cimes de l’Esprit qui se manifeste d’abord en tant que révolutionnaire du commun des mortels. Il faut croire que ce n’était point là sa nature profonde, mais l’action de la couche vitale-mentale qui la recouvrait et la recouvrira jusqu’en 1904 au moins (lui, l’agnostique d’origine, étudie le yoga, conforté devant la guérison quasi subite de son frère Barin par un sannyasin). Nous venons d’employer une expression : vitale-mentale qui vaut certain commentaire. L’être humain ignore communément qu’il se trouve soumis aux plans de conscience qui le gouvernent en bien et en mal. Le vital, la plus puissante force de Vie (santé, maladie, sensibilité, sexualité) se lie au mental (intellect, perception, imagination, intuition vraie ou fausse). Viennent ensuite les plans de conscience physique, le subconscient et l’inconscient. Nous verrons comment Sri Aurobindo et Mère sont parvenus à ce qu’ils appellent le roc de l’Inconscient qui bloque la porte de la Lumière - porte qu’ils ont franchie. Quels résultats tangibles peut-on atteindre en parallèle avec leur puissante Aventure spirituelle ? Savoir vraiment ce qu’est le mental, non pas intellectuellement, mais profondément en soi, constitue une première étape indispensable, le mental produisant maintes réactions sur le vital et vice-versa. En gros, le mental = tout ce qui nous passe par la tête... et ce n’est pas rien, mais un flot incessant, tumultueux de pensées, d’idées, d’images, qui se bousculent les unes les autres. A contrario, sans le mental, nous ne saurions - exemple entre mille - monter ou descendre un escalier. Faut-il ajouter par humour que, sans le vital, nous ne serions pas là pour en parler ? Comment utiliser le mental en le pacifiant, comment faire en sorte qu’il nous serve au lieu qu’il se serve continuellement de nous ? Il n’existe pas de méthode à l’intérieur de son pouvoir. Obtenir le silence mental, c’est parvenir à l’arrêt pour un temps de toute pensée, idée, image, endiguer ce défilé à travers le cerveau. C’est, selon l’expression de Krishnamurti : "être comme rien, car l’on ne remplit qu’un seau vide " ; ou encore : l’a-penser des Orientaux. Si l’on parvient à chasser tout ce qui l’encombre, on s’aperçoit alors de deux effets aussi étonnants qu’importants : primo, l’état nouveau ne saurait durer longtemps, car une intruse, une idée insidieuse arrive toujours à se glisser dans cette sorte de méditation à vide ; secundo : on se rend compte que tout vient ou venait non de l’intérieur, mais de l’extérieur, du Mental universel comme du Vital universel. Nous ne saurions, tels Sri Aurobindo, Mère ou d’autres, réaliser cette expérience continûment à volonté. Se profile, durant l’année 1907, le grand tournant pour Sri Aurobindo. Il s’isole trois jours avec le yogi Vishnou Bhaskar Lélé, plonge dans le Nirvana, connaît des aperceptions au-delà de ses espérances. Satprem commente : "D’emblée, Sri Aurobindo était entré dans ce que les bouddhistes appellent Nirvana, le Brahman silencieux des Hindous, Cela ; le Tao des Chinois, le Transcendant, l’Absolu, l’Impersonnel des Occidentaux." [1]) Mais il n’avait pas encore renoncé à l’action révolutionnaire pour la Libération de l’Inde. L’Invisible veillait dans l’ombre inconnue et le 4 mai 1908, on l’arrête manu militari (because : une bombe trouvée dans le jardin de son frère Barin pour quel attentat manqué ?). Cela ne laisse pas de nous étonner. Certes, Sri Aurobindo ne fut pas un poseur de bombes, mais tout de même, le frère quels que soient la férule, l’autoritarisme des Anglais. Résultat : l’aube d’un nouveau jour en prison lui donne la Connaissance définitive. Libéré en 1909, il ne combat plus que par la parole et par l’écrit, aussi bien contre l’apathie des Hindous qu’envers la main mise des Anglais. Une "voix" lui souffle : "Va à Chandernagor" puis : "Va à Pondichéry". Il renonce au combat politique en 1910. Terminée pour lui la révolution sur la Terre, engagé sans retour dans la Révolution de la Conscience pour la Terre. En 1910, il a trouvé le Secret qui ne consiste en rien de moins que la Transformation de l’homme inachevé, de la matière physique elle-même par le règne à venir du Supramental.. Satprem, encore, précise davantage : "Nous pouvons tenter de dire ce Secret, mais en nous souvenant que l’expérience est en cours. Sri Aurobindo a commencé ; il a trouvé à Chandernagor en 1910 et travaillé pendant quarante ans ; il y a laissé sa vie. La Mère continue." [2] Ajoutons que Mère, après une "projection" devant elle en France du personnage Sri Aurobindo - " en costume de vision "-, le rencontrera une première fois à Pondichéry en 1914, puis reviendra en 1920 auprès de lui jusqu’à sa mort (5 décembre 1950), étant devenue la Mère de l’Ashram en 1926 jusqu’à sa propre mort (17 novembre 1973). Entre 1914 et 1920, Sri Aurobindo écrit une œuvre colossale (cinq mille pages en tout) non pas de littérature ou de philosophie, mais consignant livre après livre, ou rédigeant plusieurs livres à la fois, la réalité, la totalité de ses expériences. L’épopée gigantesque (plus de 23 000 vers) : "Savitri"demandera plusieurs décennies. |
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Le portrait de Sri Aurobindo provient du site http://www.auroville.com/, celui de Mère de : http://www.graemeallwright.com/. [1] "L’aventure de la conscience", Buchet-Chastel, Editeur, 1975, p.176. [2] Opus cité, p. 268. |
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