Pèlerinage à
Compostelle par le Camino del Ebro |
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Etape 11 : De Gallur par Ribaforada à Tudela Camino del Ebro : 296 km déjà parcourus par El Peregrino |
J’ai beaucoup de choses à vous raconter... J’ai vraiment fait un bon repas hier soir et la nuit fut reposante. Avant de m’endormir j’ai pris un anti-inflammatoire pour mon genou douloureux. Ce matin je renouvelle le médicament et la douleur deviendra une gêne qui se fera oublier dans la journée... Tout va bien... Pourtant en onze jours j’ai eu de tout : la canicule avec 40° à l’ombre, la pluie presque la tempête et aujourd’hui s’ajoute un vent de face de force 6 ou 7...! Le corps doit s’adapter, il y a quelques signaux de souffrance de temps en temps et il faut rester attentif à les écouter... Il est 7h30, je prends la route quand le jour se lève. Maintenant il fait froid...! J’enfile un blouson de cycliste qui me sert de coupe-vent, mais je suis obligé de mettre par-dessus une petite polaire sans manche... Le vent accentue la sensation de froid et après hésitation je mets aussi mon poncho. Voilà, je suis bien, mon corps aime la chaleur, maintenant je marche délié, tout va bien. La sensibilité douloureuse du bassin que j’avais peut s’oublier maintenant très vite, c’est bon signe. Avant de partir sur le Camino je me posais des questions sur la prothèse de ma hanche gauche. Résultat : tout au long des 1100 kilomètres de ce périple je n’y penserai même pas... Je passe à Malene en suivant quelques flèches jaunes pour m’apercevoir en sortant du village que je reviens presque sur mes pas. C’est encore un moyen désagréable de faire presque deux kms de trop ... Il y avait sûrement un chemin pour éviter ce détour inutile. J’ai marché encore une heure vers Tortosa. Sur mon chemin arrive une station-service. Un ouvrier descend d’une camionnette pour prendre de l’essence. En me voyant, son visage sourit : « Ola pérégrino ». Nous échangeons quelques mots, il a fait, lui aussi, quelques étapes sur le Camino. Nous nous quittons après une poignée de main complice. Mauvaise journée, presque deux heures que je tourne dans la ville... ! Arrivé devant l’auberge de jeunesse de Tudela fermée je trouve un panneau : « Prévenir d’un passage 24 heures à l’avance »... ! Il y a un numéro de téléphone pour les pèlerins, mais je tombe sur un répondeur... Il est 16 h le temps passe... Je vais même au refuge de la croix rouge, il est fermé provisoirement... ! J’interpelle plusieurs passants sans succès, tous me donnent simplement l’adresse d’un hôtel. Par curiosité j’entre dans l’un d’entre eux : 50 euros la nuit avec petit déjeuner... ! Hors de question de payer un tel prix pour un pèlerin. Ouf... ! Je suis installé, mais très vite après ma douche, je sors de cette pièce un peu « hôtel du nord » pour aller dans un des nombreux bars de ce vieux quartier. Encore une curieuse expérience grâce à ce voyage. Je ne regrette rien, la solitude, les circonstances, l’intendance, tout est un dépaysement instructif que je supporte et qui m’intéresse. Je trouve même qu’IL me fait découvrir les autres dans leur précarité, mais je triche un peu, dans quelques semaines cette situation n’aura été pour moi qu’une expérience... Il faut même reconnaître que la journée se termine bien, je vous l’ai déjà dit ma petite étoile arrange les coups... Tout va bien. Ce soir encore un bon repas pour huit euros et je me sens bien, mais fatigué. J’indique pour l’étape avoir fait 34 kms dans la journée, mais je crois bien en avoir parcouru beaucoup plus aujourd’hui... En sortant du restaurant j’ai froid, c’est un effet de la fatigue je le sais. Je cours presque pour revenir dans ma chambre « luxueuse ». Je me glisse rapidement dans mon duvet, je préfère éviter les draps... Pas de fenêtre, pas de bruit un silence de cimetière, je peux éviter les boules Quies pour dormir... Pas longtemps, mon voisin vient d’arriver... Je vous rappelle que nos chambres communiquent par un vasistas, il se brosse les dents, se mouche, soupire et se glisse dans un lit qui craque comme le mien... Oui il faut que je mette les boules dans mes oreilles, le voisin ne ronfle pas encore, mais entendre sa respiration devient gênant... ! J’ai enfin le silence dans ma tête, je me laisse aller dans mon monde... Quelques soirs comme ça une présence me manque... L’image de cette présence est toujours la même dans mon cœur... Demain le Camino m’attend, je suis toujours là, merci à LUI. |
– Le visage de l’article est une photo de Jean-Charles Rey que nous remercions de nous avoir autorisé à la publier.
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