Pèlerinage à
Compostelle par le Camino del Ebro |
Etape 16 : De Logroño à Navarette Camino del Ebro : 423 km déjà parcourus par El Peregrino |
J’ai tout mon temps ce matin, j’ouvre les yeux avec les autres vers 6h30. Je suis bien, détendu et heureux d’être là. Ces petits déjeuners sur le camino ont toujours un parfum particulier, un moment ordinaire que je goûte comme un privilège. Je suis vraiment en balade. Le soleil a fait son apparition, je suis sorti de la ville et le chemin prend ses aises dans une verdure aménagée pour les loisirs. C’est une sorte de circuit santé sur plusieurs kilomètres et il semble fréquenté même un lendemain de fête. Même ici à la porte d’une grande ville, rares sont les Espagnols qui ne me font pas un geste ou disent quelques paroles sympathiques. J’observe un moment un monsieur bedonnant qui veut gentiment faire obéir un chiot. Nous engageons la conversation et je reste un moment à l’écoute de cet homme nouvellement retraité et que cette nouvelle liberté semble inquiéter... J’aperçois déjà Navarrete. Il est tout juste 14h. Juste avant d’entrer dans le village, je trouve les ruines de l’Hospital de « San Juan de Acre ». Le porche de cet hôpital du 13ème siècle sert maintenant de portail au cimetière de Navarrete. Ces pierres chargées d’histoire rappellent que le camino Frances fut toujours pour l’Espagne une source de richesse et que depuis des siècles les pèlerins furent soignés et protégés. Les villes qui jalonnent le Camino ont le plus souvent pour origine la présence du camino et non l’inverse... Me voilà à Navarette, l’albergue, encore fermé, est juste à côté d’un bar avec une terrasse au soleil qui pendant un bon moment va être l’endroit où l’on cause... Il y a là une Brésilienne et un Allemand, une Berlinoise Gisela et Jacques un Savoyard vadrouilleur dans plusieurs pays avant d’être sur le chemin aujourd’hui... Ces deux derniers seront un peu mes compagnons du jour et nous partagerons ce soir des heures chaleureuses autour d’un joyeux repas. Malheureusement il y a la vie sur le Camino et je ne sais pas encore que nous ne nous reverrons plus les jours suivants... L’hospitalier ouvre le refuge. Il distribue les lits et je lui demande si nous pouvons monter au dernier étage pour bénéficier de l’installation la meilleure du bâtiment. Ma demande l’amuse car il comprend que je connais la maison... Nous nous retrouvons donc sous les combles lambrissés avec une richesse : des lits individuels. Mes nouveaux amis trouvent mon intervention très à leur goût... C’est l’heure de l’intendance : douche, massage, lavage des effets personnels, etc... Peu de temps pour tout ça et très vite le bonheur de flâner. Je vais faire un tour à l’église et en entrant dans l’édifice, un tableau très en évidence me surprend. C’est un christ en croix. Classique me direz-vous, mais sur ce tableau, il a une jupe... ! La photo que j’en fais n’est peut-être pas techniquement très fameuse, mais elle vous donnera une idée de cette curieuse peinture... Nous en discutons entre pèlerins et tombons d’accord pour penser qu’il s’agit là d’un rajout ordonné dans une période de bigoterie dévastatrice... ! Le dîner pour 9 euros dans un restaurant à côté du refuge est un bonheur. Il y a là Giséla et Jacques et en mélangeant l’espagnol et le français, nous mélangeons aussi les discussions sérieuses et les crises de fou rire. Je vais les perdre de vue dans les jours suivants... Je le sais déjà, Giséla boite un peu et cela depuis plusieurs jours me dit-elle. Je crois bien qu’elle a une tendinite qui s’installe... Jacques lui, semble avoir une grande expérience des voyages, mais il n’ira pas jusqu’à Santiago cette année. Il semble bien être obligé de revenir dans sa Savoie plus tôt que prévu s’il ne veut pas divorcer une nouvelle fois... ! Nous voilà à nouveau dans l’albergue. Il est dix heures, le repas a traîné un peu, peut-être savions-nous qu’il n’y en aurait pas d’autre malgré une complicité évidente... C’est le chemin de Compostelle, souvent un raccourci de la vie... Penser à cela quand je me glisse dans mon duvet, ne provoque pas d’amertume. Non, plutôt une sérénité, la satisfaction d’avoir vécu ici et maintenant un bon moment... Je m’endors en pensant qu’il y en aura d’autres... Merci à LUI... |
– Le visage au début de l’article provient du site : http://www.photo-libre.fr/gens_photo.htm
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