Le matin cependant, après le petit déjeuner, je ne manque pas de mettre en branle le grand moulin à prières du monastère. Il est abrité par un très bel édifice à colonnes peint selon la tradition tibétaine et c’est un plaisir des yeux de voir tournoyer les lotus, les nuages contournés. C’est ma façon d’entamer une nouvelle journée en m’assurant que tout tourne bien rond dans ma tête. (Il me revient à ce propos une phrase entendue : Quand un Occidental se trouve devant une montagne, il l’escalade mais un Indien tourne autour.)

Là où j’ai le plus de mal c’est quand le bouddhisme devient religion, quand j’entends parler de pluralité des mondes habités, de pouvoirs prodigieux des lamas et de leurs réincarnations choisies, de déités à visualiser pendant la méditation… Je suis beaucoup trop terre à terre pour entendre ces choses-là. Il faut se faire une raison : ce n’est pas demain que je serai réalisé. Dans qq. centaines d’autres vies peut-être…

J’ai réservé aujourd’hui une chambre dans l’hôtel dont tu m’as parlé à Varanasi, et je ferai peut-être durer mon séjour jusqu’au début janvier pour aller m’asseoir aux pieds du Dalaï Lama à Sarnath, mais on m’a prévenu que l’affluence serait considérable. Qui ira verra.