Mais même si VGH était encore le seul à offrir un balcon sur le fleuve, je ne crois pas que j’y aurais pris pension : les gourbis douteux ne sont plus de mon goût aussi bien situés soient-ils, quant aux ruelles d’accès souvent sombres, humides et infectieuses, je les évite autant que possible car la saison froide les rend encore plus déplaisantes.

Ce qui ne m’empêche pas de découvrir de nouveaux coins spectaculaires du côté de Tulsi Ghât où se dresse un palais de maharaja à l’abandon auquel on accède par un terrain vague, un des rares espaces ouverts de cette ville congestionnée, sur lequel les jeunes jouent au cricket.

Au-delà des dhobbis [1] et du crématorium électrique, le dernier ghât, Assi Ghât a été dallé et est devenu un coin résidentiel avec tout ce qu’il faut pour le bonheur des voyageurs. C’est là que j’habite pour une semaine encore avant de m’envoler vers le sud.

Ramji, le masseur « aux mains d’or mais qui s’égarent parfois » - comme on pouvait lire sur son livre du même métal -, je ne l’ai pas retrouvé, mais il aurait de la concurrence : les masseurs ayurvédiques sont légion et ils ne sont pas donnés non plus.

J’ai renoncé à l’idée de me trouver un prof de hindi ici et une famille d’accueil : les étrangers, les gens d’ici les voient venir, ils les accueillent gentiment mais ce n’est pas une vie de famille qu’ils leur proposent, mais plutôt un accueil genre B&B dans des maisons souvent bondées, modestes, où le locataire contribue à mettre un peu plus de ghee (beurre clarifié) sur le riz. Et les profs, ils te donneraient aussi bien des cours de hindi que de tabla, de yoga ou d’ayurvédique. Cette polyvalence suspecte a de plus un prix qui dépasse toute commune mesure.

L’autre industrie traditionnelle du coin, la soie, n’a pas faibli non plus, et j’ai déjà refusé plusieurs invites de rabatteurs à venir prendre le thé chez des soyeux qui m’auraient fait le coup de l’hospitalité désintéressée puis gentiment forcé la main et la Visa.

Suis à Bénarès jusqu’au 24 ; après je m’envole pour Goa, oui oui, envie de me faire plaisir, de nager et surtout de fuir le froid et la congestion urbaine. J’ai dû m’acheter des caleçons longs thermiques - en bon français des Damart - pour pouvoir faire méditation et tai-chi dehors.