Cette fois-ci, dans le train de Gaya à Delhi, c’était un jeune papa et sa fille et, pour leur malheur et le mien, la grand-mère. La petite-fille savait bien que Mémé lui passerait tous ses caprices, alors elle s’en donnait à cœur joie et quand la patience de l’aïeule était à bout, ça finissait par une colère et des larmes. Le papa prenait alors le relais, calmait la môme en la baladant dans le couloir, mais dès qu’ils revenaient s’asseoir, la mémé recommençait ses agaceries. Au milieu de la nuit, pour calmer la petite qui chouinait, elle a sorti d’un paquet-cadeau devine quoi – nous sommes le 25 – un Papa Noël mécanique qui gesticulait au son des niaises rengaines de saison de la boîte à musique incorporée. La môme, ça l’a calmée, mais pas mes nerfs. Si on ne peut même plus échapper à ces conneries au pays de Shiva !!!

Suis maintenant dans le Sud, à Goa.
Il y a deux jours, je prenais des douches chaudes pour me réchauffer, maintenant c’est pour me rafraîchir !

Merci pour le poème de Pessoa :

"Puisque la vie ne nous a rien offert d’autre

qu’une cellule de reclus,

alors tentons de la décorer,

ne serait-ce que de l’ombre de nos songes,

dessins et couleurs mêlés,

sculptant notre oubli

sous l’immobile extériorité des murailles."

 

(Le livre de l’intranquillité)

Il n’entre pas exactement dans la thématique de mon voyage mais il tombe à pic puisque me voilà dans une ambiance portugaise.

Goa
Non pas les plages à raveurs frénétiques et touristes jet-set mais Panjim (la capitale de l’état) et ses vieux quartiers sur l’embouchure de la Mandovi où l’on retrouve qqchose de Lisboa.

Je suis donc très très loin de l’ambiance de Varanasi et ne risque plus de marcher dans une bouse de vache à chaque pas pour avoir essayé d’éviter de me faire encorner (j’exagère).
C’est surtout la Vieille Goa inscrite au Patrimoine Mondial que je veux revoir : les Portugais voulaient alors impressionner les Indiens en leur prouvant qu’ils pouvaient construire des édifices religieux au moins aussi splendides que les leurs et, pour démontrer la supériorité de leur foi, ils n’avaient pas lésiné sur les moyens dans le goût baroque du temps.

À part ça Panjim, c’est aussi une population métisse avec sa langue propre, le konkani, une lumière estivale, des couleurs aux façades, des églises toutes blanches, des jardins ouverts sur l’embouchure du fleuve… sans oublier des restaurants à l’européenne avec poisson frais grillé que tu peux arroser de bière, et même de vin ! Voilà qui change agréablement des thalis et sempiternels curry ! Une tout autre Inde. De Varanasi à Goa, on est toujours dans la même nation, mais on a changé de pays.

Je viens enfin, après deux nuits pas terribles, de trouver une chambre cool à prix correct (car en cette période de fin d’année c’est l’arnaque un peu partout et même si les touristes occidentaux sont plus rares cette année à cause des événements de Bombay, les touristes indiens friqués sont là, en masse et en famille nombreuse) dans un petit hôtel un peu délabré.

Donc je reste jusqu’au nouvel an et puis je file sur Hampi. Après je descends vers le Kerala aimé et bien connu.