Dans Old Goa, dont ne subsistent que six édifices religieux d’importance, mes pensées n’allaient pas dans une direction différente : mis à part la See – cathédrale - toutes les églises sont désaffectées. Leurs saints naïfs lèvent les yeux et les bras vers un ciel qui ne promet rien à personne. Pourtant les Indiens, plus que par l’or des retables, sont fascinés par les reliques de St. François-Xavier qui sont réputées incorruptibles. Ils se pressent pour voir le reliquaire, le toucher, s’octroyer une petite part de cette immortalité illusoire.

Je réalise en t’écrivant que le thème de mon voyage de cette année est l’acceptation de ma condition de mortel. Rien de morbide, juste me dire : plus que jamais le temps est compté, alors sache le mettre à profit, et fais tout ce qu’il faut pour ne laisser derrière toi ni remords ni regrets. Seulement quelques traces. Lumineuses si possible.

2009 en Inde, c’est pas plus la joie qu’ailleurs. Avec les événements de Bombay, on baigne dans la parano : les accès du Grand Temple de Bénarès étaient complètement bouclés par la police et je n’ai pas été autorisé à y pénétrer. Déficit touristique, guéguerre diplomatique avec le Pakistan qui refuse d’admettre que le seul terroriste arrêté en est originaire malgré les déclarations du concerné. Et une énorme grève des conducteurs de poids lourds immobilise des centaines de camions sur des Kms à l’entrée des agglomérations, grève qui paralyse le pays depuis 2 jours mais s’arrête aujourd’hui : devant les effets de panique surtout dans les stations-service, le gouvernement cède et accorde des augmentations de salaire.

Parfois je me pose la même question que cet Allemand, assistant du teacher de vipassana, qui m’avait demandé : Mais enfin qu’est-ce ce que tu trouves donc de si extraordinaire en Inde ?
Lui, qui travaillait à Singapour, il était révulsé par la malpropreté, la pollution et le manque de dignité humaine. Pris de court sur l’instant, je lui ai seulement répondu que certes, oui, tout cela était vrai mais que c’était sans doute pour ces mêmes raisons qu’il pouvait vivre si confortablement dans son pays.