"Si le mot visualisation est, dans le vocabulaire, celui qui était le plus approprié, il n’en est pas moins restrictif, considéré comme se rapportant purement à une technique basée sur les perceptions visuelles. Il renferme, en effet, beaucoup plus que le seul domaine de la vue. Certes, visualiser, c’est d’abord « voir » en pensée mais, à l’image, s’ajoutent, en surimpression pour ainsi dire, d’autres éléments basés sur les perceptions sensorielles dues à l’odorat et à l’ouïe, voire, dans certains cas, au goût et au toucher.
La visualisation consiste donc à réactiver l’ensemble d’impressions connues par les cinq sens, avec, naturellement, au tout premier rang, celles acquises par la vue. Cependant, visualiser ce n’est, à aucun égard, percevoir. La perception nous met en rapport avec le monde extérieur. Aussi limitée qu’elle soit, elle nous donne, de ce monde, une connaissance plus ou moins sûre et, en tout cas, utile à notre existence physique, étant bien entendu que nos perceptions font toujours l’objet d’une interprétation dont le cerveau, dans son travail d’analyse et de synthèse, a la constante responsabilité. Mais la visualisation dépasse toute perception, toute analyse et toute synthèse. Elle les utilise et, perception, analyse et synthèse sont, en réalité, le point de départ et le fondement de cette technique.
Dans la visualisation, ce sont les souvenirs de nos perceptions qui sont utilisés. Il est, certes, possible de prétendre que visualiser n’est pas autre chose qu’imaginer. Il n’y a aucune raison pour refuser ce postulat, si nous le complétons par une explication : pour visualiser, nous faisons appel à nos souvenirs et, incontestablement, à l’imagination, pour ordonnancer ceux-ci en vue du résultat que nous poursuivons. Une représentation mentale imaginaire est, ainsi, parfois créée, cette représentation mentale ayant pour but de nous amener à un certain état de conscience et à une connaissance qui est fonction de l’objet de notre visualisation.
L’importance de la visualisation réside donc, en dernière analyse, non dans la technique elle-même, mais dans le résultat recherché. À cet égard, il ne serait pas faux de supposer que la visualisation est une forme de « conditionnement volontaire » de soi-même pour atteindre un but parfaitement défini. Autrement dit, la visualisation peut être constituée d’éléments entièrement imaginaires et le résultat obtenu, absolument valable."
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