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Harmonie dans la fusion des contraires ou les paradoxes de la Lumière Safran.
mardi 14 mai 2013

par Arkhghan


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L’Inde était jadis appelée Jambaboudvîpa, le prunelier pourpre.

C’est ce que nous rappelle un article de Jacques Sourmail paru dans la revue « L ’Initiation » numéro 9 , mars-avril 2006 et que l’on retrouve sur ce site Guérashel
http://www.guerashel.com/infos/textes/info.php?rub=MTYz

Donc selon les occultistes, L’Inde est gouvernée par un flot de Lumière dorée légèrement pourprée nommé le rayon de safran. C’est le rayon d’harmonie par les conflits ou encore celui de l’art, du beau et de l’intuition. L’énergie du quatrième rayon est cependant décrite ailleurs comme étant une très pure énergie de couleur blanche. L’Inde selon certains enseignements est du premier rayon dans son âme et du quatrième rayon pour sa personnalité. J’ai été dès ma première rencontre avec Blanche incité à réfléchir à ces enseignements sur la psychologie des rayons attendu que je lui ai trouvé une étrange ressemblance avec le Maître Sérapis Bey dessiné par David Anrias. Ressemblance dont je lui ai fait part et qui l’a amusée aussi.

Pour ce nouveau rendez-vous, Jean est à nouveau à mes côtés mais aussi Marie et mon fils cadet, Sikhantim. La buvette du jardin du Luxembourg nous offre un cadre animé, en plein air.
Blanche a toujours besoin de respirer, surtout en été mais le Palais du Luxembourg évoque certainement pour elle quelqu’un de proche qui, lui, s’est enfermé pendant bien des années dans ces lieux pour veiller selon ses convictions avec ses pairs aux destinées de la Nation Française.
De mon côté, j’avais préparé environ une centaine de questions réparties sur 10 thèmes à partir de ma troisième lecture du roman « Harmonie » d’une part et de la découverte de son dernier ouvrage paru aussi chez Plon en mai dernier « Manifeste vagabond ». Tout ce qu’il y avait à dire n’a donc, c’était fatal, pas pu être dit, mais fatalité plus rare, tout ce qui a été échangé entre nous n’a pas pu être enregistré pour des raisons accidentelles, de défaillances techniques, la Parole a été perdue.
« Harmonie » sans conteste est un roman tout imprégné de ces flots de Lumière safran que Blanche aura captée. Il raconte le conflit entre deux lignées ashramiques. La première positive, celle de l’ashram de Ma Ananda Moy, son disciple le Victorieux et le disciple du disciple Albin Voltès et ses enfants, Lylia et ... et d’autre part, Attal, le Guru tantrique, son complice magicien noir, Balawan et leurs élèves dont la partenaire tantrique d’Attal, la jeune Italienne Paola. A ce titre, on pourrait rapprocher cette histoire de l’épopée du Mahâbhârata avec la guerre des deux familles Pandavas et Kauravas.
Mais un autre volet de ce roman est une guerre occulte pour la défense et la préservation d’une part et le vol d’autre part du Mantra de Melchisédek. Alors que notre écrivain n’est pas, nous le savons maintenant Franc-Maçonne, en dehors de son champ d’investigations symbolique, elle a pu écrire un roman évoquant étrangement la légende du meurtre d’Hiram !
Qui plus est une partie du récit se déroule à Jérusalem ; or c’est précisément les discussions sur cette partie du roman qui sont notre Parole Perdue ! Est-ce un hasard ? Peut être que nous pourrons faire ce partage un peu plus tard.... dans un domaine plus réservé mais ouvert tout de même.
Harmonisation par le conflit, l’art, la beauté, l’intuition, tout cela est présent dans le roman et nous allons voir dans cet entretien que Blanche parle merveilleusement des paradoxes de la vie indienne.

Si Blanche nous dit qu’on peut passer à côté de Vijayananda sans le voir, il en est de même pour sa disciple, dont la profondeur doit se deviner. Puissions nous être des passeurs vers ces deux êtres d’exception.

Le « Manifeste vagabond » nous dévoile une Blanche de Richemont assez comparable à Satprem, disciple de la Mère de Pondichéry qui a été, lui aussi grand voyageur dont la mobilité a été comme fixée par le darshan d’Aurobindo et Mère.

Dans l’avant dernier chapitre du « Manifeste vagabond » p 104 :

« Après tant d’années de questions, de solitude et de fébrilité, j’étais arrivée à destination, le regard de cet homme me clouait sur place me faisant explorer des horizons inimaginables. Intérieurs. » Ce livre montre bien chez un être en évolution le basculement du voyage extérieur au voyage intérieur, il dévoile tout le parcours de la philosophe qui avait fait sa thèse sur le sublime et le cherchait en se gavant des beautés, des laideurs ou de l’ennui du monde, auprès des indiens Kogis en Colombie, dans un temple de Louksor ou face au tombeau de Massoud dans les collines Afghanes.

P111 :
« Depuis mes voyages en Inde ce n’est plus le sublime que je cherche, plus un battement de cœur mais l’harmonie intérieure. Des présences lumineuses ou des terres puissantes qui m’enseignent comment m’unir à l’univers, comment épouser sa respiration. Des moments qui m’apprennent à accepter la vie telle qu’elle est. Ne plus souffrir de mes espoirs déçus, de mes volontés brisées. Quand j’aurai trouvé cette force, je ferai couler l’eau chaude et me glisserai dans ma baignoire, l’absolu à portée de main. » Ce détail de la baignoire n’est pas anodin. Il nous apprend que Blanche est une sirène, ce dont nous nous doutions un peu.... L’enseignement des sirènes est parallèle à celui des Muses. Elles nous apprennent à vivre, à aimer tout en évitant de souffrir inutilement, voire à nous affranchir totalement de la souffrance. Ce qui revient à être vraiment libres. C’est donc le premier point thématique de l’enseignement de ses livres que nous voulons évoquer. Mais d’abord, enseignement ? Nous avons voulu savoir si elle considérait ses écrits comme un enseignement et aussi la part prise par son Guru Vijayananda dans la création de cet étonnant roman.

Arkghan : Blanche, pouvons nous dire que votre roman constitue à la suite de vos autres écrits, un enseignement spirituel ?

Blanche de Richemont : Oui, mais ce n’est pas mon enseignement, c’est l’enseignement de la route, c’est l’enseignement de la rencontre.

Arkghan : Dans votre « Manifeste vagabond » le chapitre intitulé « Libres » nous dit :
« J’ai eu la chance de connaître un homme libre. On peut mourir après avoir rencontré un tel regard. Cet homme était un sage nommé Vijayananda. Il a inspiré et accompagné l’écriture de mon roman « Harmonie ». D’abord j’aimerais bien que vous donniez des précisions si c’est intéressant à vos yeux sur la manière dont Vijayananda a aidé à l’écriture de ce livre, si vous l’avez commencé de son vivant ?

Blanche de Richemont : Après l’avoir rencontré, comme je lui avais dit que j’étais en train d’écrire un livre, il m’a dit : Blanche vous devriez écrire un livre de magie, de mystère, un livre dans le genre, « Harry Potter », un livre autour de l’harmonie. Je n’avais pas du tout le projet d’écrire un livre comme celui-là, je n’étais pas sûr d’être capable de le faire ; Au fur et à mesure des rencontres que j’ai faites avec lui, il m’a donné les clés. Parfois je ne savais pas trop s’il parlait à mon personnage ou à moi. Il me disait
« Mais est ce que Lylia ceci ou cela ? » Et c’est lui qui m’a fait parler de Melchisédek. Il me disait : « Vous devriez mettre cela dans votre livre, » et c’est lui qui a fait que, l’air de rien il m’a donné les clés.

Arkghan : Vous n’aviez pas encore commencé à écrire votre roman mais vous en parliez ?

Blanche de Richemont : Non, non. La première fois, on en avait parlé, c’est ensuite à mon retour qu’il m’a dit : « Vous devriez écrire un livre de magie. » Et chaque fois qu’on se voyait, on en parlait, il me donnait la matière.
Je le soupçonne de m’avoir mis sur le chemin de ce livre pour moi-même faire un trajet intérieur. Comme mon médium c’est l’écriture, il m’a emmené à travers ce que j’aime le plus, il m’a enseigné à travers ce livre, c’est complètement imbriqué en fait.

Arkghan : Mais lui n’a rien vu, n’a rien lu ?

Blanche de Richemont : Il n’a rien lu. J’étais en train d’écrire quand il a quitté son corps.

Arkghan : Merci pour cette précision qui m’éclaire. Pouvons nous entrer dans son enseignement sur la souffrance ?
Dans ce même chapitre vous dites encore « Il me répétait que ma douleur n’était que mentale. La mort n’existe pas. La vie est une danse au dessus d’une lame de rasoir. Apprenez à danser. »
Cette idée que la souffrance est mentale est bien reprise dans votre roman. Le père de Lylia, Albin, en bon disciple du Victorieux, donc Vijayananda, nous donne cette leçon en expliquant à sa fille,
« je ne suis pas ma souffrance. » Le vieux sage lui même dira qu’il ne sent pas sa fatigue, comme un poisson dans l’eau, elle fait partie de lui.

P. 124 :
Lylia pleure la mort de son père devant le Victorieux comme Blanche a sans doute pleuré celle de son frère au pieds de Vijayananda, l’enseignement est donné.

P. 114 :
« 90 % de la souffrance est mentale ». Bien plus tard dans le récit, alors que Lylia se trouve à Jérusalem, un peu perdue, errante même, à la recherche de l’homme de sa vision, tenaillée par une migraine que la lumière du soleil aggrave, elle se répète les paroles du Guru de son père devenu son Guru ;
« Votre souffrance n’est que du mental. » Voyons Blanche, est ce que ça marche ? Vous allez mettre en faillite les pharmacies. Est-ce que toute souffrance est mentale ?

Blanche de Richemont : Il ne disait pas tout à fait cela, vous l’avez cité, il disait : « 90% de la souffrance est mentale ». Il disait que quand il arrive un drame, en général on aimait gratter les croûtes, on aimait rentrer dans la complaisance ; La réalité de la souffrance est infime par rapport à ce que le mental fait de la souffrance. Souvent on se répète que c’est douloureux, difficile, comme si c’était plus normal de souffrir que de ne pas souffrir. On est toujours en train de remuer ce qui ne va pas. On fait tout de suite des montagnes de petites difficultés, de quelque chose qui n’est pas grave. Comme moi je pleurais la mort de mon frère à ses pieds, il me disait que ce n’était pas si grave. Et ma mère aussi est venue, et même quand elle était en larmes, il lui disait « Ce n’est que du mental », alors ma mère, elle sautait au plafond ! Mais il lui disait : « Maintenant c’est dans votre tête que vous vous dites, c’est horrible, c’est malheureux. » Si on tourne les yeux vers le Divin, si on tourne les yeux vers la Lumière, si on essaie de profiter de la souffrance pour grandir, alors tout devient différent. Oui, 90% de la souffrance est mentale, on le sait mais ce n’est pas parce qu’on le sait que cela nous empêche totalement de souffrir.

Arkghan : Oui, bien sûr !

Blanche de Richemont : Cela empêche surtout de se faire des idées noires.

Arkghan : Cela empêche peut-être de s’identifier complètement à cette souffrance, de se laisser totalement absorber.

Blanche de Richemont : Cela a à voir avec la maîtrise du mental. C’est à cela que sert la méditation, on peut vite se dire : ça oui, ça non, on peut se recentrer. Tout est relié en fait.

Arkghan : Avec la souffrance c’est mon deuxième thème, il y a la conscience de la mort qui est souvent le point de départ d’un cheminement spirituel. Dans votre cas nous l’avons bien développé déjà, mais je voudrais savoir comment vous avez pu vivre justement cette différence d’approche de la mort entre l’occident et l’Inde. Pour les hindous la mort c’est quitter un manteau, on ne rend pas son âme à Dieu car elle lui appartient déjà , on dit donc quitter son corps.
Sur la mort, nous sommes servis, dans le roman d’une part avec les évocations du Gange, lieu de crémation mais aussi par la mort de deux Maîtres. L’un que l’on pense mauvais et que l’on découvre autre, Balavan, et la mort du Victorieux ce qui dans votre roman est magnifique.
« Une mère qui avait toujours vécu auprès du sage en secret lui avait pris la main et avait murmuré « Vous pouvez vous envoler ». Alors le cœur du sage avait cessé de battre. Il était dix sept heures au bord du Gange. Un vieux moine retrouvait enfin le grand Amour son maître, la Mère du Bengale. … Il n’était pas mort, il avait juste quitté son corps qui rayonnait encore sans son cœur qui bat. »
On croit comprendre que l’âme du Victorieux comme celle d’Albin, a fusionné avec celle de la Mère et que c’est Elle qui est venue le chercher...

Blanche de Richemont : En Inde j’étais un peu choquée parce que à Kanhkal, là où j’allais faire la ballade aux bords du Gange, le matin, je passais tous les jours devant des corps qui brûlaient. Quand vous passez tous les jours devant ces familles qui entraient leurs cadavres dans le Gange pour les brûler, vous avez une communion, une communauté de vie avec la mort qui est totalement différente. J’ai compris que cela pouvait être une autre vie. La mort est vécue comme une autre vie en Inde, comme un envol, une réalisation pour certains, comme un aboutissement pour d’autres encore, comme un arrachement encore pour d’autres mais, elle est vécue de manière très paisible et je me souviens toujours, chaque jour je trouvais qu’il y avait une paix dans ces moments là. C’était toute une autre vision de la mort qui était parfaitement en relation avec Vijayananda. C’est comme si on s’étonnait toujours de mourir, comme si ce n’était pas normal, comme si c’était dramatique. Mais là bas c’est pas tellement vécu comme quelque chose de tragique.

Arkghan : Si on est assez sensible, en Inde on peut expérimenter un autre rapport à la mort, y compris bien sûr à sa propre mort.

Blanche de Richemont : Après je vous parle comme cela, mais si mon petit garçon de quatre mois disparaissait demain, je mettrais un petit peu de temps avant de parler Paix et Envol.....! Je comprendrais qu’il y a quelque chose qui doit se passer, qu’il est venu sur terre pour un but particulier, mais je mettrais un petit peu de temps quand même.....

Arkghan : Oui, tout de même, la perte d’un être cher, surtout pour une maman n’est pas rien et vous venez de donner la vie, je ne veux pas vous faire évoquer des circonstances funestes, regardons du côté de la vie mais justement, en Inde peut être à cause du fait que la mort n’est pas refoulée, il y a des possibilités de vie plus intenses.

Blanche de Richemont : En Inde, tout est plus intense, la joie comme la peine, la souffrance, la jouissance, la beauté ou la laideur, l’amour comme la haine, vous croisez le pire et le meilleur. Pourquoi ? Parce que plus la lumière est dense et plus l’ombre est profonde. Il y a une telle lumière en Inde que la part d’ombre est aussi très dense, comme dans un ashram, comme auprès d’un sage. Autour de Mâ, il y avait des personnes qui faisaient de la magie noire contre Elle. Il y avait même des moments où elle s’était retrouvée avec des cicatrices partout. La Lumière était tellement forte que cela créait autour d’Elle ou en face une ombre aussi forte. C’est pour cela que l’Inde est porteuse de cette intensité, de ces paradoxes quotidiens. Chez nous c’est moins intense parce qu’on a moins de connections avec la partie lumineuse de notre âme.

Arkghan : Est-ce que nous pouvons revenir à la partie de ma question sur la fusion du Victorieux et celle d’Albin ensuite avec l’âme de Mâ ?

Blanche de Richemont : Non je dis qu’il a retrouvé l’âme de Mâ, ce qui n’est pas fusionner. Il n’avait pas besoin de la retrouver d’ailleurs, il était déjà connecté à Elle. Il laisse son corps physique et il va être en connexion subtile encore plus forte avec Mâ.

Arkghan : Alors j’ai interprété, allant au delà de votre pensée mais tel que vous l’avez décrit, j’avais pensé à cela car ce serait une possibilité pour un disciple très avancé et très proche de fusionner dans l’âme du Maître.

Blanche de Richemont : Oui mais je ne le formulerais pas comme cela. En tout cas pour moi, ils se retrouvaient sur un plan subtil, c’était une retrouvaille.

Arkghan : En tout cas la mort d’un sage semble pour lui l’accès à une inénarrable liberté car de son vivant déjà il était mort au monde à ses illusions et ses attachements, alors justement, cette liberté est celle du libéré vivant dont le regard sur nos questions humaines est très élevé. Vous dites dans le Manifeste vagabond, P. 101 :
« Tout semble futile face à une telle liberté intérieure. Va plus haut semblait dire son sourire. Tout cela n’est pas si grave. Rien n’est jamais figé. »
Vous dites aussi que la première chose que Vijayananda à fait pour vous a été de vous déculpabiliser de ne pas avoir pu empêcher le suicide de votre frère.
Pouvez vous commenter cet aspect clément de votre Guru. ? Elle vous a marquée ?

Blanche de Richemont : De quoi, cette intention de déculpabiliser ?

Arkghan : La clémence et le côté rassurant.

Blanche de Richemont : Je pense que n’importe quelle personne vraiment vouée à la vie spirituelle a cette présence qui rassure, faite de tolérance, de clémence mais de rigueur et d’exigence également. C’était évident chez Vijayananda comme chez toutes les personnes reliées à une force de Lumière. A la fois cette liberté, cette attention, cette souplesse et cette exigence terrible. Une indulgence oui mais une exigence redoutable, c’est très tangent.

Arkghan : En effet et cela est très apparent dans votre roman ! Nous allons en venir à l’instant sur un personnage fascinant, le yogi Balawan, page 117. Balawan est en train de se dégager de l’emprise de son complice, Attal, ils viennent de s’affronter et le vieux yogi se souvient d’une histoire que vous racontez : celle du yogi se faisant houspiller par l’esprit d’un arbre au bord d’une rivière pour avoir simplement humé le parfum d’un lotus alors que plus tard vient un pêcheur, saccageant les fleurs et tuant les poissons, on ne lui dit rien. L’ignorant n’est pas tenu pour responsable, mais :
« Aucune pitié pour ceux qui détiennent la connaissance. » Il en est de même il me semble que vous le dites ailleurs pour ceux qui ont un pouvoir social. Était-ce l’enseignement de Vijayananda ?

Blanche de Richemont : Vous avez justement tout l’enseignement d’un sage dans cette histoire ! La tolérance pour celui qui ne connaît pas et l’exigence poussée à l’extrême pour celui qui est sur le chemin de la Connaissance. C’est exactement ce qui se passe auprès d’un Maître. Il commence par vous donner beaucoup d’amour, de douceur et de tolérance et lorsque vous commencez à comprendre, son exigence est plus grande.

Arkghan : Et cependant c’est là que votre récit peut dérouter un lecteur occidental mais se trouve en prise directe avec le génie du paradoxe de l’Inde, même dans cette rigueur extrême il y a encore une porte de sortie pour celui qui ayant eu la Connaissance en a fait un mauvais usage.

Résumons :
Le Yogi Balawan à son niveau expérimente encore des déterminismes, la causalité. Un symbole est préparé très longtemps à l’avance dans votre roman lors de la description de l’arrivée de Lylia et son frère Gabriel à Delhi, une description de scènes vues par le fenêtre du taxi conduisant le frère et la sœur à la gare.

P. 65 :
des hommes tirent des pousse-pousse et nous avons ce commentaire « Chacun de nos actes résonne sur notre vie comme les vagues dessinées par le galet qu’on lance dans l’eau. Nous ne maîtrisons pas les vagues mais nous jetons les galets. » Or J’en profite pour signaler au passage que pour qui veut bien lire, votre roman est très construit. J’ai le droit de vous faire ce compliment il est mérité car la scène du galet arrive à un moment crucial lorsque Balawan jette dans le Gange un galet noir. Il le voit couler, il pense alors à son complice le Guru Tantrique en train de perdre sa disciple Espagnole Paola. Il sait que Attal est en train de se perdre en acceptant à l’ashram la jeune femme, sans tenir compte de sa mise en garde de la collusion.
De même Balawan va chuter à cause d’une femme alors qu’il a déjà atteint un très haut niveau yogique ; son chemin vers l’éveil sera rendu très difficile en passant par la magie noire.

P 117 : Balawan est en train de se dégager de l’emprise de son complice, Attal, ils viennent de s’affronter et le vieux yogi se souvient de l’histoire dont nous venons de parler.
Mais alors que Attal va être arrêté, neutralisé, frappé mais non détruit grâce à l’intrépide Lylia, dans sa quête du pouvoir, Balawan va de lui-même, revenir sur le bon chemin et servir les plans du Victorieux. Comment avez vous reçu l’inspiration du personnage de Balawan ?

Blanche de Richemont : Je ne sais pas du tout ! Je ne savais même pas que la fin serait celle-ci. Vous savez les personnages, ce sont eux qui imposent leur poids à un moment donné à cette histoire. On ne décide pas grand chose quand on écrit. J’aimais bien l’idée de cette personne qui se voue à la Lumière mais qui est capable de dévier parce que c’est humain. Et à un moment donné il est capable de revenir.
J’ai voulu montrer que la magie, le mystère et la vie spirituelle sont d’abord très humains et que même les personnes qui avaient atteint un très haut niveau, étaient capables de tomber, que nous ne sommes que des hommes et que c’est très subtil les obstacles sur le sentier. En général ce n’est pas vraiment une femme, ce n’est pas vraiment cela qui est la cause de la chute. C’est l’ego qui fait tomber. C’est quand on commence à avoir des pouvoirs, là l’ego commence à s’enfler et c’est cela qui fait tomber Attal et Balawan aussi mais ce dernier abandonnera la magie noire et revient à la Lumière pour atteindre son but.

Que dire en guise de conclusion ?
Ces mots prononcés, écoutés, reportés, édités sont comme les galets lancés par Balawan dans le roman « Harmonie ». Ils vont suivre leur propre énergie, se répercuter dans les consciences, dans les cœurs et les têtes.
Ces échanges vous auront-ils mis vous aussi en mouvement au risque de vous déranger ?
Nous ne pouvons pas fuir les contrastes de l’existence, ni les conflits de la vie sans fuir la vie, elle même. La méthode de l’Inde se retrouve dans le moins Guru de tous les Sages indiens Krishnamurti tout autant dans l’approche d’un sage plus traditionnel en apparence comme Vijayananda.
L’esprit libertaire de Blanche de Richemont en apporte la preuve.

« N’est il pas indispensable pour vous d’être dérangés ? Ce n’est pas en éludant le conflit que l’on devient un être intégral mais en passant par le conflit et en le comprenant. » Krishnamurti.

Blanche cite Vijayananda dans son « Manifeste vagabond » pour dire la même chose avec en plus une joie et une malice peut être.

« La vie est une danse au dessus d’une lame de rasoir. Apprenez à danser ! »

Blanche a appris à danser et elle peut nous apprendre sa danse.

Il y a eu beaucoup de questions, et nous trouvons que c’est bien.
On demandait à Krishnamurti pourquoi on trouve intérêt à poser des questions.
Il a répondu :
« Tant que vous posez des questions vous forcez des obstacles, mais dès que vous vous mettez à accepter, vous êtes psychologiquement mort. Donc tout au long de votre vie n’acceptez jamais rien mais faites des investigations, menez votre enquête ; Vous découvrirez alors que votre esprit est vraiment une chose extraordinaire, il n’a pas de fin, et pour un tel esprit la mort n’existe pas. »
A nos questions, il a été fait de belles réponses par une jeune femme qui, si elle parle de sa rencontre avec un Guru authentique, Vijayananda, ne se fait pas Guru à son tour pour autant.
Laissons s’élargir les cercles de nos mots galets.

« De même qu’un galet jeté dans un lac paisible fait naître un cercle qui va s’élargissant, de même l’action de l’énergie en direction de ce qui est vrai fait naître les vagues d’une nouvelle culture.
Alors l’énergie est sans limite, incommensurable, sans limites, et cette énergie n’est autre que Dieu. »
Krishnamurti.

Les livres de Blanche sont pour nous la naissance de cette nouvelle culture.
Ils sont comme l’enfant qu’elle vient de donner à la vie et dont elle évoque la présence aussi rayonnante de la lumière safran qu’elle même en conclusion de son Manifeste Vagabond :
« Le ciel déchiré semblait me dire : sois comme un soleil d’orage. Rayonne dans le tourment.
Comment ne pas avoir confiance en la vie face à une telle splendeur née du chaos ? Tous mes voyages, toutes mes quêtes, mes errances m’ont menée à cette injonction : aime au delà des apparences. Cherche le merveilleux. Il est là toujours en attente. »

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La photo de Vijayananda provient du site http://fr.sages.wikia.com/wiki/Vija...

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Harmonie dans la fusion des contraires ou les paradoxes de la Lumière Safran.
18 mai 2017, par Arkhghan

Jean dont il est question ici : "Pour ce nouveau rendez-vous, Jean est à nouveau à mes côtés mais aussi Marie et mon fils cadet, Sikhantim. "a quitté ce monde lundi. Il a été à mes côtés pour les rdv avec Blanche du café Grand Colombier et des jardins du Luxembourg. De toutes batailles ce frère qui ne déclinait jamais une demande d’aide quelconque J’ai voulu savoir si Blanche se souvenait de lui et l’informer de son départ. Voilà sa réponse "Oui je me souviens de lui. Je pense fort à vous Marc. Et à la famille de Jean.
Mais vous savez vous que le lien n’est pas coupé, que le corps n’est qu’un habit de passage, que vos discussions se poursuivent sur un autre plan.
A vos côtés.
Blanche


Harmonie dans la fusion des contraires ou les paradoxes de la Lumière Safran.
12 juin 2013

Quelle puissance dans l’écriture de Blanche de Richemont.
Cette force et cette conviction se transmettent dans ses écrits habités par probablement son guru.
Une expérience de vie extraordinaire qui encourage à poursuivre la route, le chemin de la recherche au plus prés de l’essentiel et de la rencontre.


Harmonie dans la fusion des contraires ou les paradoxes de la Lumière Safran.
11 juin 2013, par MB

j’ai bien aimé ce qu’elle dit au sujet de la souffrance. En regardant autour de moi un peu partout, cela m’aide beaucoup.


Harmonie dans la fusion des contraires ou les paradoxes de la Lumière Safran.
27 mai 2013, par Gontrand

Je suis surpris d’être étonné de ne pas avoir plus de commentaires sur cet entretien qui m’a impressionné par la qualite de l’interviouwée mais aussi de l’interviouweur,quand la dualité devient Unité c’est épatant . Si je m’appelais Blanche je publierai cet entretien dans mon prochain bouquin,mais je ne m’appelle pas Blanche et je n’aime pas voyager...Félicitations et grands remerciements aux Baladins et à nos deux "artistes",en espérant qu’ils continuent à se rencontrer et à nous en faire profiter.Bonjour amical à Perceval.


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