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Les cartes et les planisphères
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Les cartes et les planisphères
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Au XVe et XVIe siècles particulièrement, les Européens s’intéressaient de près à la découverte du monde. Leurs motivations premières étaient essentiellement économiques et leur but était de s’assurer un lien commercial direct avec les pays produisant les recherchées et coûteuses épices, principalement. Il s’agissait de s’affranchir de la main mise des Arabes et des Ottomans sur ce commerce primordial. Les cartes étaient donc indispensables à la réalisation de ce projet. Le Portugais Henri le Navigateur encouragea l’élaboration de cartes maritimes, mais aussi les Rois d’Angleterre, de France ou encore les Vénitiens. Plusieurs cartes et planisphères de l’époque nous sont parvenus, qu’ils soient européens, mais aussi ottomans, arabes ou asiatiques. Certaines cartes ont été redécouvertes récemment, comme la carte Piri Reis exhumée du palais de Topkapi à Istanbul au début du XXe siècle. Quelques cartes ont acquis une notoriété importante, car elles semblent présenter des éléments géographiques assez précis, inconnus de leur auteur et n’ayant été découverts officiellement que bien plus tard. Comment expliquer ce paradoxe ? Comment expliquer qu’une carte puisse représenter des côtes inconnues avec précision ? Ajoutons que les auteurs illustraient les cartes de représentations d’animaux, de végétaux ou d’hommes vivants dans les contrées représentées. Certaines de ces illustrations font immanquablement penser à des animaux réellement existants, mais absolument inconnus à l’époque... du moins pour les Occidentaux. Il en va de même pour certains commentaires que les cartographes ajoutaient à leurs oeuvres. Ces paradoxes alimentent depuis de nombreuses années les affirmations les plus fracassantes. Ainsi, quelques chercheurs voient dans ces cartes la preuve de l’existence d’une civilisation humaine disparue depuis plus de 8.000 ans, ou bien l’absolue évidence du passage d’extra-terrestres sur notre bonne vieille planète. 30 ans avant que Dias ne passe le Cap de Bonne Espérance, le vénitien Fra Mauro mentionne ce cap triangulaire sur sa carte qui décrit, entre autres, l’océan Indien et le Sud de l’Afrique ! Sur une note, il insiste même sur l’exactitude de la localisation et de la forme du Cap de Bonne Espérance (alias le Cap des Tempêtes nom donné par Dias en 1488 et le Cap du Diab nom donné par Fra Mauro). Il indique dans cette note que vers l’an 1420 un navire ou une jonque avait doublé le Cap du Diab en décrivant succinctement son trajet après ce Cap (distances et temps de parcours et terres rencontrées, les "îles vertes" et les "îles sombres"), en décrivant brièvement le bateau ou la jonque jonque possédant de 40 à 60 cabines et en mentionnant des oiseaux géants vivant au Cap du Diab et leurs gros œufs, ce qui fait furieusement penser aux autruches. Fra Mauro indique qu’il tient ces informations d’une « personne de confiance ». Or il est établit qu’un Vénitien du nom de Niccolo de Conti se trouvait à Calicut au moment du passage de la flotte de Zheng He à Calicut et il est tout à fait possible que les Chinois connaissaient déjà le Cap de Bonne Espérance au travers d’une expédition précédente. Après le passage du Cap de Bonne Espérance, une flotte devait naturellement être poussée par les courants marins et remonter la côte Ouest de l’Afrique. La carte Kangnido est détenue au Japon. Il s’agit d’une copie d’un original perdu qui avait été offert par les Japonais à Zhu Di lors de son avènement en 1403. La carte décrit particulièrement l’Afrique et l’Arabie. L’Afrique est représentée sous une forme allongée et sa « bosse » Ouest est complètement aplatie. Cependant de nombreux détails sont bien localisés en latitude. Gavin Menzies démontre que la vitesse des courants à partir de la Baie du Biafra peut induire une erreur dans l’estimation des longitudes de 1800 milles vers l’Est. En corrigeant la carte Kangnido de 1800 milles à partir de la naissance du courant, les contours familiers de la « bosse » africaine apparaissent et sont immédiatement identifiables… De plus, les temps de trajet et les distances parcourues mentionnés par Fra Mauro correspondent bien à la vitesse estimée d’une jonque de l’époque dans ces régions du monde, soit 4,8 nœuds. Gavin Menzies estime qu’en août 1421 la flotte devait se trouver aux îles du Cap Vert. Une stèle, près du Ribeira de Penedo, se trouve bien au Cap Vert et Gavin Menzies montre qu’elle est écrite en Malayalam, langue du Kerala dont la capitale est Calicut ! Une autre stèle, également en Malayalam, se trouve au Congo près des rapides de Matadi qui limitent la zone de navigabilité du Congo depuis son embouchure. Il est donc prouvé que des marins, de, ou, en provenance de Calicut, ont atteint les îles du Cap Vert et le Congo. Pour Gavin Menzies, ce ne peut être que la flotte de Zheng He. Notons toutefois qu’une preuve indiscutable du passage de la flotte de Zheng He n’est pas apportée, puisque la carte Kangnido est une copie d’un original disparu, qui serait d’ailleurs antérieur au premier voyage de Zheng He, et que les stèles ne sont pas rédigées en Chinois. Gavin Menzies pense qu’à partir du Cap Vert, la flotte s’est à nouveau divisée, Zhou Wen faisant route au Nord Ouest vers les Caraïbes et Zhou Man et Hong Bao vers le Sud Ouest et le Brésil. Piri Reis est un amiral ottoman qui fit réaliser la carte qui porte son nom en 1513. Cette carte est une synthèse de nombreuses cartes antérieures dont une datée de 1428, aujourd’hui disparue. Cette carte de 1428 aurait montré le Cap de Bonne Espérance et aussi le Détroit de Magellan découvert en 1520 par Ferdinand de Magellan ! Une des caractéristiques de la carte Piri Reis est de signaler clairement les Andes avant qu’un européen y parvienne et également l’Antarctique. A noter que les Andes ne sont pas visibles à partir de la côte Est de l’Amérique Latine et qu’il faut absolument se trouver du coté du Pacifique pour les voir. La carte Piri Reis montre aussi un homme nu et barbu. Magellan fut étonné de constater que les indigènes de la Terre de Feu vivaient nus et se réchauffaient autour de grands feux, d’où le nom de la région. D’autres illustrations montrent un cerf, sans doute un huemul des Andes, un Lama, un guanaco et un puma qui ne vivent qu’en Amérique Latine et particulièrement en Patagonie. Une sorte de monstre à tête de chien sur un corps d’homme est aussi illustré. Gavin Menzies pense qu’il s’agit d’un mylodon, un paresseux géant pesant jusqu’à deux cents kilos et qui ne vit que dans cette région. A noter qu’un livre chinois parle d’une créature semblable au mylodon qui aurait été découvert par une flotte chinoise après un voyage de deux ans vers l’Est, à partir de la Chine. Nous noterons que Zheng He en 1421 est parti vers l’ouest et l’océan indien et non vers l’Est et le Pacifique. Gavin Menzies cherche d’abord à déterminer l’échelle de la carte Piri Reis. En se basant sur le Cap Blanc à 47°20 de latitude Sud, il en déduit que les îles figurant au bas de la carte sont à 68°43, la latitude précise des îles Shetland-du-Sud. Les Européens découvriront les Shetland-du-Sud 400 ans plus tard… Attribuant toujours les informations contenues sur la carte Piri Reis aux Chinois, Gavin Menzies se demande alors pourquoi une expédition maritime cherchant à soumettre le monde au système du tribut s’est aventurée dans une région aussi hostile et désertique que l’Antarctique. Son explication est intéressante. Les Chinois avaient repéré les étoiles Canopus pour calculer leur latitude et la Croix du Sud pour s’orienter. Mais pour des calculs exacts il leur fallait s’approcher au plus près d’un point sur terre à la verticale de ces étoiles. La Croix du Sud (Alpha Crucis et Gamma Crucis) est presque à la verticale du Pôle Sud et Canopus est à la verticale du Mont Adam aux îles Malouines. Or, la rose des vents qui figure sur la carte Piri Reis, correspond à la position des îles Malouines suivant l’échelle calculée par Gavin Menzies, où, cependant, aucune trace de la flotte chinoise n’a, à ce jour, été découverte. A partir du Mont Adam et de Canopus, les Chinois se trouvèrent donc en mesure de calculer les latitudes de chaque point de l’hémisphère Sud avec une précision remarquable à la condition toutefois de situer Canopus par rapport au pôle Sud. A ce stade, bien qu’ils ne fussent pas capables de calculer leur longitude, les Chinois savaient que la terre était ronde. En utilisant Polaris, ils étaient aussi en mesure d’en calculer la demi circonférence et de savoir qu’ils se trouvaient aux antipodes de Pékin. La baie de Cook est correctement positionnée sur la carte Piri Reis. Les onze sommets de la cordillère Darwin que l’on aperçoit à partir de la baie figurent avec une position conforme à la réalité sur la carte Piri Reis sous forme d’îles toutefois car le cartographe ne pouvait en voir que les sommets. Puis la flotte descendit vers le Sud en direction du pôle et alla jusqu’à la banquise. La carte Piri Reis correspond aux limites d’extension maximale des glaces au milieu de l’été. La flotte arriva quasiment à la verticale d’Alpha Crucis. Sachant quelle était la circonférence terrestre, ils pouvaient désormais calculer la position réelle du Pôle Sud. En observant la différence entre le repère fourni par la Croix du Sud et la direction de leurs boussoles, ils étaient en mesure de placer le pôle magnétique et d’apporter les corrections nécessaires. A noter qu’une note de Piri Reis indique à coté d’une île « ici, il fait chaud », ce qui est étrange pour un territoire situé en Antarctique. Cependant l’île de la Déception est volcanique et possède une anse dont les eaux sont chaudes, à tel point qu’il est possible de s’y baigner. L’île de la carte Piri Reis est située à la même latitude que l’île de la Déception, mais pas à la bonne longitude, ce que Gavin Menzies explique par un calcul faussé en raison de la force du courant marin à cet endroit. La même erreur se retrouve pour l’île Bird. Enfin, on notera que d’après les chroniques chinoises anciennes, les Chinois connaissaient depuis le VIIIe siècle avant JC, Canopus et la Croix du Sud qui furent observées à environ 20° du pôle Sud…c’est-à-dire à 70° de latitude Sud, c’est-à-dire en Antarctique, ce qui laisse rêveur. La flotte retraversa ensuite l’Atlantique en suivant les courants marins sur une route directe à la latitude 52° Sud. Elle du passer à proximité des Kerguelen avant de remonter vers l’Australie. Jean Rotz est l’hydrographe du roi Henri VIII d’Angleterre. Formé à l’école de cartographie de Dieppe, très renommée à l’époque pour la précision et la clarté de ses cartes, il offre au roi en 1542, un planisphère représentant avec une grande précision l’Afrique, le golfe persique, l’Inde et l’Asie du Sud Est. Cette carte présente une « petite » et une « grande » Java. Cette grande Java présente au nord une saillie qui fait penser au Cap York, le point le plus au nord de l’Australie. A l’Est, on distingue une profonde échancrure qui pourrait être selon Gavin Menzies, l’estuaire de la Swan qui coule entre Perth et Freemantle. A noter qu’en 1836, des Australiens découvrirent l’épave d’un très vieux bateau, en bois très dur et de couleur rouge brun qui pourrait être du teck. De plus, une légende du peuple Yangery qui vit à proximité parle des « hommes jaunes » qui s’établirent parmi eux il y a bien longtemps. Gavin Menzies suppose alors que la flotte de Zhou Man, après avoir remonté les côtes d’Amérique du Sud que l’on distingue sur la carte Piri Reis, puis traversé le Pacifique, soit arrivée sur la côte Est de l’Australie. Selon Gavin Menzies, la carte de Jean Rotz désigne avec les bonnes latitudes la côte de la baie de Nelson jusqu’au sud de la Tasmanie. La preuve du passage de la flotte est apportée par des épaves de grands bateaux du côté de Brisbane, Newcastle et Melbourne dont la datation au carbone 14 donne le milieu du XVe siècle avec une marge d’erreur de cinquante ans. Des légendes des populations indigènes parlent aussi d’étrangers en longue robe (vêtement des marins chinois) et bas-reliefs montrent ce qui pourraient bien être des jonques. Vers la fin du XIXe siècle on a aussi découvert dans les racines profondes d’un très vieux figuier la figurine d’un dieu taoïste, Shu Lao. Or, le taoïsme ne s’est jamais réellement répandu hors de Chine. De plus, le figuier en question ne provient pas d’Australie. Il a donc été importé comme la figurine. On a aussi retrouvé des épaves de navires en Nouvelle-Zélande ainsi que des légendes Maoris qui parlent d’étrangers s’installant parmi eux. De plus, on a récemment découvert un haut-fourneau en Nouvelle-Zélande qui a été daté de 2000 ans ! Ce fait prend toute sa dimension lorsque l’on sait que les Maoris ne travaillent pas le fer. Enfin, de récentes études sur l’ADN montre clairement les liens étroits qui existent entre les Maoris et les Chinois originaires de Taïwan. Ces liens sont si importants que la Ministre des Affaires Etrangères de Nouvelle-Zélande, Winston Peters a déclaré le 25 juillet 2006 : « les populations indigènes de Nouvelle-Zélande viennent de Chine (…). Les analyses ADN sont irréfutables ». L’analyse de Gavin Menzies est intéressante et elle m’a donné envie d’en savoir un peu plus sur la cartographie. L’interprétation des cartes anciennes est généralement bien compliquée, le problème essentiel étant la déformation des régions représentées pour cause de calcul de longitude erroné. Il existe ainsi un nombre impressionant d’interprétations de ces cartes. Cependant, quelques points communs ressortent de plusieurs cartes anciennes. Il s’agit de la représentation plus ou moins fidèle et complète de l’Antarctique, continent aujourd’hui en grande partie recouvert par les glaces. La carte Piri Reis semble montrer une partie de la côte de ce continent. Elle n’est pas la seule. Les cartes d’Oronce Fine (1531), un mathématicien français, et Hadji Admed (1559) montrent clairement des parties de l’Antarctique qui n’ont été connues que très récemment. De plus, ces cartes mentionnent certaines régions recouvertes par les glaces depuis environ 10.000 ans comme l’indique la science moderne. Il en va de même pour les cartes de Ibn Ben Zara (1487) et Benincasa (1508) qui montrent les limites de l’extension des glaces sur l’Europe, phénomène réel qui a été atteint il y a plus de 12.000 ans lors de la dernière glaciation. Il y a là un paradoxe fort et qui va bien au-delà des découvertes chinoises de Zheng He. Cependant, il semble que peu de scientifiques ou d’historiens s’intéressent à la question. Le seul à avoir effectué un travail de fond sur le sujet est un certain Hapgood qui a publié en 1966 un ouvrage intitulé "Maps of the Ancient Sea Kings". Son propos est assez simple puisqu’il affirme que seule une civilisation humaine aujourd’hui disparue pouvait avoir la faculté d’élaborer des cartes aussi précises. Il situe cette civilisation vers 12.000 ans avant notre ère, soit en pleine préhistoire ! Hapgood remettant ainsi en cause l’histoire humaine depuis 14.000 ans a été proprement ridiculisé par les spécialistes sans pour autant que quiconque apporte une autre explication plausible à ces cartes étranges et troublantes. |
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Les illustrations proviennent des sites : http://fr.wikipedia.org/, http://www.uwgb.edu/, http://fr.wikipedia.org/ et http://fr.wikipedia.org/. |
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