Sur cette route tranquille, au plein coeur de la Bretagne, le très grand mur parsemé d’ouvertures se dresse et transforme soudain le paysage...
Il a des airs de théâtre antique et l’on a envie de s’asseoir dans l’herbe pour attendre que le spectacle commence.
Mais si le ciel s’occupe de tisser mille toiles de fond...
...si le soleil et les nuages, ses complices, s’amusent à régler sans fin les lumières de ce décor grandiose... ...ici : point d’acteur !
Tout semble vide.... tellement vide... Le choc de la rencontre passé, notre esprit analytique frise la déception !
Cet autre bâtiment fut une église. Son chevet, comme par le passé, se réchauffe aux premiers rayons matinaux.
Et la lumière dessine des motifs nouveaux : as de pique ?
Et les herbes dansent sur le faîte des murs...
...et poussent avec audace à la place qu’occupait autrefois une sainte statue...
Et c’est déjà fini : il y a ici, trop et trop peu... C’est déroutant pour les curieux !
Et c’est lorsque l’on se décide enfin à "passer la porte", à franchir l’un de ces "trous" ne menant en apparence nulle part que l’on s’aperçoit que "là" - de ce côté-ci du mur - l’air que l’on respire ne vibre pas tout à fait à la même fréquence que "dans notre monde"...
Là, dans ce qui fut le cloître de l’abbaye cistercienne de Coat-Malouen, règne encore un peu de la silencieuse activité des moines et l’on écoute conquis, et convaincu de voir encore l’ombre des bâtiments disparus, la description de l’agencement des lieux : salle capitulaire, dortoir, réfectoire, cuisine... et cette entrée de l’église communiquant avec le cloître...
...poussons sa porte imaginaire...
Dans l’église, centre spirituel de l’abbaye, il faut entrer avec un coeur calme et attentif...
...car le souvenir de vénérables présences est ici palpable....
Alors, la magie peut opérer et les chants des moines parvenir faiblement mais nettement à nos esprits ouverts...
J’avais huit ans quand j’ai découvert l’abbaye de Coat-Malouen. J’étais alors en convalescence dans la maison qui est depuis devenue un gîte rural et qui était au départ la maison des gardiens du château. Celui-ci était alors en ruine, il a été reconstruit beaucoup plus tard. Ma tante était donc gardienne de cette propriété qui appartenait à une " Madame de Maisonneuve ". Ce sont mes meilleurs souvenirs de vacances, une impression de liberté, de découverte des lieux ( j’étais libre d’aller et venir comme je le voulais ) et la solennité de cette abbaye qui était alors laissée à l’abandon, m’impressionnait plus que tout. C’est loin....C’était en 1948...
Depuis 2003 l’abbaye vit de nouvelles aventures : les vestiges de l’église et de la façade du bâtiment des moines onr été réhabilités. En 2007 les fouilles dans le cloître ont fait découvrir des dalles mortuaires antérieures au XIV° siècle. Les vestiges du cloître et le jardin seront bientôt restaurés. Les anciennes écuries abritent des expositions : peinture contemporaine, vie cistercienne... En 2008 une Rétrospective Yves Loyer. Une vie bien réelle.
Merci pour cette vue sur ce qui rexte de l’une des filles de l’Ordre Cistércien hélas presque anéanti par les lois antiréligieuses de la révolution française mais qui reprend vigueur.
Puisque c’est la Saint Bernard, une citation de celui qui a été sinon son fondateur en tout cas son Maître spirituel :
"Elevez-vous par l’humilité, telle est la voie ; il n’y en a pas d’autres" Saint Bernard