Le métro est un endroit merveilleux
Fin d'après-midi de décembre, un peu triste, sous la pluie.
Retour chez moi après une séance de cinéma avec une amie.
Séparation dans le métro, entre deux couloirs.
Un dernier signe de la main, un sourire pour s'encourager.
Des regards qui disent : « C'était un chouette moment, pas envie de rentrer seule, on se revoit bientôt ! »
Dans la rame, beaucoup de monde.
Après la complicité de l'amitié, l'anonymat de la foule.
J'ai oublié mon livre et ne peux m'échapper.
Alors j'observe.
J'invente des histoires derrière les visages fermés.
Les regards s'évitent, lointains, un peu absents, se voient sans vraiment se voir.
Des regards vides, en pause, presque incolores.
Ne rien laisser paraître, se couper du monde pour mieux se protéger.
La protection ultime de soi : devenir transparent en éteignant son regard.
Si je te regarde, je te rencontre.
Quand les mots hésitent, les yeux déclarent,
Si les mots mentent, les yeux avouent.

Regard d'amour, éclair ensorcelant
Pensée secrète transmise dans le secret absolu
De ce lien invisible et magique.
Désir dévoilé en toute confidence,
Les yeux ont leur raison que la raison oublie.
Regard d'enfant, lumière mystérieuse
Troublante et sans détour
Emerveillement joyeux et infini.
Toute la beauté du Monde
Dans le reflet de tes yeux.
Dans « regarder », il y a « garder ».
Je garderai la chaleur de ce regard,
Etincelle d'humanité retrouvée,
Dans cette foule anonyme.
Ma station est passée, j'ai oublié de descendre...
Vraiment, le métro est un endroit merveilleux
|