« Quand la foi cesse d’être conviction, quand la foi n’est plus comprise, quand elle nous envahit, nous enveloppe, c’est le « don de Lumière » qui s’impose en nous. » |
Arco iris jeudi 18 janvier 2007 par Jean Pion |
J’ai marché si longtemps que je ne sais plus bien le pays d’où je viens. Les sombres forêts, les gouffres profonds, les sommets clairs, les chaleureuses auberges, j’y suis passé. Les habits fabuleux, les oripeaux poussiéreux, les pagnes légers, les armures, je les ai portés. Compagnes et compagnons, cousins, cousines, amis et rivaux, à tous j’ai appartenu. Toutes ces chaussures, depuis des temps que je ne peux compter, je les ai chaussées. Quoi de plus ? Qui encore ? J’eus envie de faire une pause, de m’arrêter de marcher, là, dans la solitude de ce petit chemin de montagne. Pendant que tous ces fantômes dansaient devant mes yeux, je m’assis près d’une petite fontaine et je m’endormis. Le son chatoyant de l’eau fraîche qui coulait à mes côtés me berça, et je m’envolai sur elle comme sur un tapis volant. Je vais vers un lac très calme que j’ai déjà connu, blotti là en mon centre. Une barque m’attend, j’y monte. J’entends une musique dont les harmonies douces m’attirent plus avant sur le lac. Une brume cache l’endroit vers lequel je me dirige. Une brume non pas opaque, mais irisée, dont chacune des gouttelettes qui la composent, diffracte une lumière qui ne semble venir de nulle part, en un univers de couleurs. J’y pénètre comme dans un bain. Je perçois que cette musique et ces couleurs sont une même chose, ont la même source. Il ne me semble plus ni dessus ni dessous, ni gauche ni droite, quand je bute sur quelque chose. Une sorte d’île, faite d’un diamant très pur. Je laisse la barque aller s’oublier dans les brumes, et je pose pied sur le rocher. Il est un peu chaud et vibrant. Je le reconnais, et je pleure. Il est la source, son chant est la musique, sa lumière, mon amour. Je pleure sur ce cristal, comme devant ma propre source. Alors je respire pour la première fois la lumière pure, je m’abreuve de simple munificence. Je vois que chaque parcelle de mon corps, la peau, les mains, le ventre, tout se mue en cette même lumière. Chaque partie la plus intime se reconnaît comme eau limpide, rosée, qu’une lumière omniprésente traverse librement, sans entrave. Des univers naissent en moi, des myriades étincelantes se déploient jusques aux confins. A l’éveil du rêve, le murmure joyeux de la fontaine chante toujours, la brise est légère, la mousse soyeuse chatouille les mains et les pieds. Tout vit. Il y a une impression de légèreté, les montagnes sont si nettes, que la main pourrait les toucher. Envahissant l’espace, des arcs-en-ciel brillent de tous côtés. La fontaine, les arcs-en-ciel, les arbres environnants, tout est un, tout baigne dans la même lumière et chante un même chant. Le cristal n’a pas disparu, il est le corps dans lequel se meuvent toutes ces choses et tous ces êtres. Celui qui est monté dans la montagne, n’est plus vraiment celui qui en redescend. Il n’est plus las. Il peut s’en retourner dans la vallée, ce n’est plus lui qui marche, mais le monde qui danse. Et le monde, l’unique s’irisant depuis le cœur en arc-en-ciel immense. |
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