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La Tarte à la Crème
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Dans tous les pays du monde se trouvent des lieux particuliers réservés au culte, au service et à la Tradition. Ils sont parfois très retirés mais souvent aussi aux abords immédiats de grandes agglomérations chargées d’histoire. Celui où nous nous trouvons aujourd’hui bénéficie d’un climat ensoleillé et de la colline où il se situe arrive des rivages de la mer méditerranée une brise légère propice au repos. En ce jour de printemps déjà chaud, Guidô, dans ce pays le « u » se prononce « ou » et une accentuation tonique est, dans ce cas, placé sur le o, Guidô, donc, est arrivé plus tôt qu’à l’accoutumée pour mettre en place les aménagements nécessaires à des visiteurs de passage. Ayant fini ces préparatifs sans retard, il avait tout loisir de bénéficier un moment du grand jardin attenant aux allées bordées de rosiers, de géraniums et de massifs aux couleurs vives. L’air embaumait tour à tour des parfums des lilas, des jasmins et des orangers en fleurs. Guidô ne vit pas tout de suite qu’il n’était pas seul. A quelques pas de là sur le banc disposé sous un grand pin se tenait très silencieux le propriétaire des lieux dont un modeste pavillon était sa résidence lorsqu’il n’était pas, comme cela lui arrivait souvent, appelé à voyager à l’étranger invité par de nombreuses congrégations qui appréciaient sa maîtrise. Guidô s’aperçut tout à coup de sa présence à quelques mètres seulement de lui ; il s’approcha alors tout heureux de pouvoir le saluer. – Bonjour Maître, lui dit-il en s’inclinant légèrement, je suis Guidô et nous nous réunissons aujourd’hui.
Guidô fut flatté d’être si gentiment accueilli. – Maître, si vous me permettez, j’aimerais profiter de notre rencontre pour vous poser une question d’ordre personnel qui me fait douter de ma démarche et qui me soucie beaucoup.
Guidô se lança : Voilà, lorsque le soir je me retire quelques instants pour méditer ; je me prépare avec soin en allumant une bougie, en faisant brûler un peu d’encens, les yeux clos en récitant une invocation. Ceci fait, alors que je voudrais sentir mon esprit s’élever et percevoir quelques belles inspirations, je suis submergé de pensées aussi insignifiantes que diverses qui me distraient irrémédiablement. Le Maître l’avait écouté avec beaucoup d’attention. Il lui demanda alors d’un ton très calme mais appuyé et en détachant bien les syllabes :
Guidô, dont le visage s’épanouit, surpris de ne pas être tout simplement appelé à chercher en lui-même, soulagé, le regard brillant d’une joie à peine voilée, répondit instantanément :
– Eh bien, voilà, dit le Maître, lorsque tu te seras préparé comme tu le fais sans rien changer, tu te représenteras très précisément dans ton esprit tout ce que tu dois réunir pour préparer une tarte à la crème. Tu verras les champs de blé que l’on moissonne, les grains que l’on porte au moulin, un sac de la belle farine fine et blanche. Puis tu iras à la ferme pour avoir du lait frais, tu verras les grands récipients de lait où remonte en surface la crème épaisse dont tu prendras un pot. Puis tu iras au poulailler ramasser quelques gros œufs sur les nids de paille fraîche. Tu disposeras tout cela sur la table de cuisine. Tu prépareras la pâte à tarte et une fois disposée dans le moule, tu y verseras la crème battue avec des œufs, du sucre et un peu de vanille ; puis tu mettras la tarte au four pour qu’elle soit toute dorée et prête à servir. Termine cette simple représentation mentale, qui ne te prendra pas plus de deux à trois minutes au plus, avec une pensée de remerciement pour tout ce qui t’est accordé, dans un esprit de partage. Va maintenant. Guidô salua rapidement le Maître, tout à sa joie d’avoir reçu une marche à suivre aussi simple et si imprégnée de tout ce qui avait été son enfance heureuse à la campagne. Le soir venu, c’est avec un peu d’avance sur son heure habituelle qu’il se prépara avec le plus grand soin possible. Il avait bien présent à l’esprit tout le cheminement recommandé par le Maître et il n’eut aucun mal à se représenter mentalement toute la préparation minutieuse et la réalisation de la tarte à la crème jusqu’à ce qu’elle soit fin prête à servir. Il se trouva, alors, pleinement apaisé, libéré de toute contrainte et de toute tension ; en harmonie avec lui-même ; empli d’une douce sérénité et, chose étonnante, comme nourri à satiété. L’esprit ouvert aux messages de paix et d’amour, il envoya vers tous ceux qui lui sont chers des pensées de joie et de force dans un don total de tout son être à la vie. |
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