Maât, la déesse de vérité
samedi 26 mai 2007

par Cerf d’Or


Svelte, mate de peau, aucune imperfection n’est décelable sur son visage parfait. Le nez, les yeux sont bien dessinés. Le port de tête reflète la noblesse. Une lourde perruque brune retombe et couvre ses épaules nues. Son cou est orné d’un collier à plusieurs rangs. Son front est ceint d’un mince ruban de couleur qui retient une plume, la rectrice d’une autruche, dit-on...

Ce n’est qu’imagination puisqu’il s’agit d’une déesse, mais c’est ainsi qu’elle était représentée dans les temps de l’Egypte ancienne.

Cette plume, cette rectrice, semblerait quelconque, banale, si elle n’était pas justement, la "marque" de la déesse Maât. Nous trouvons ici la notion de rectitude, de droiture et d’équilibre à la fois qui caractérise cette déesse. La plume rectrice ne permet-elle pas à un oiseau de rester en équilibre dans l’air et de définir sa direction ?

Mais qui était cette déesse particulière du panthéon des dieux et déesses égyptiens ? Elle était fille de Râ, sœur et parèdre de Thot. Si nous les calquions sur l’arbre de vie kabbalistique, nous pourrions dire que Râ est le pilier du centre, Thot le pilier actif et Maât le pilier passif.

Maât, la déesse fille de Râ, était également "nourriture des dieux". C’est ainsi que chaque matin, elle était présentée aux dieux par le pharaon ou le prêtre officiant à sa place. On voit souvent sur les reproductions de papyri et parois murales, le pharaon offrir sur sa main ouverte et tendue vers le dieu qu’il veut honorer, une petite statue de la déesse assise sur les talons. C’était une offrande fondamentale du culte journalier pour rendre aux dieux ce qu’ils ont donné aux hommes. "Faire monter Maât vers les dieux" est l’acte suprême du culte divin du pharaon. Il est le lien entre les dieux et les hommes et participe de l’échange des énergies terrestres et divines.

Maât et son principe. Maât représente la justice divine, l’ordre universel. Elle est le fondement de la monarchie. Archétype divin, elle est aussi un principe philosophique sur lequel repose toute la civilisation égyptienne : celui de vérité, de justice, d’équilibre et d’harmonie. Nous retrouvons l’idée de rectitude, symbolisée par la plume "rectrice". Le désordre doit céder la place à l’ordre ; Ifset doit laisser la place à Maât. Si Maât, l’ordre, n’est pas présent, Ifset prend sa place. La notion de bien et de mal ne doit pas être comprise comme la notion chrétienne de bien et mal. On recherche le bien dans tout ce que l’on fait au quotidien, le geste juste et parfait, le mot juste, la pensée juste. Equilibre et perfection sont de rigueur. La conscience de l’homme lui dit s’il est ou non dans "la Maât". Dans le taoïsme, la voie du milieu correspond à la notion égyptienne de justice, vérité, harmonie divine.

Maât et pharaon. Le pharaon était assimilé à Râ sur terre. Mais il était aussi le représentant, et surtout le garant de Maât sur la terre, sur la terre d’Egypte plus particulièrement. Il était le garant de la vérité, de la justice, de l’équilibre. Il devait veiller à ce que la loi de Maât soit respectée. Pour cela il gouvernait selon le principe de Maât. L’équilibre et la cohésion de l’univers et du pays, le rapport harmonieux de tous leurs éléments étaient les principes de Maât que devait suivre le pharaon. Il agissait en fonction de l’ordre universel ("ce qui est en haut est comme ce qui est en bas...") avec toute la conscience qu’il pouvait avoir de cet ordre universel sur terre et de l’harmonie cosmique du monde des dieux et déesses. Il ne pouvait laisser place à Ifset, la désorganisation, le chaos.

Maât et le peuple. Le peuple s’est toujours efforcé, sous l’impulsion de pharaon, de suivre la Maât, d’être dans l’équilibre, dans le vrai, dans la mesure juste. Tout homme vivant selon Maât pouvait prétendre à l’au-delà lors de la psychostasie du tribunal d’Osiris.

Pharaon ou homme du peuple, chacun recherchait la perfection, l’équilibre en tout, chacun à sa propre mesure.

Peu de sanctuaires ont été dédiés à cette déesse (sont connus Karnak et Deir-El-Mediney) mais elle est omniprésente dans les temples car elle fait partie des offrandes du pharaon. Pour les artisans chargés de creuser et orner les tombes des pharaons et des reines (Thèbes Ouest : vallée des Rois, vallée des Reines), le principe de Maât était le principe de vie, la loi quotidienne.

Maât et le jugement dernier. Dans les représentations du jugement dernier de la cosmogonie égyptienne, le cœur du défunt était déposé dans l’un des plateaux de la balance. Dans l’autre plateau, était mise la statue de Maât, ou sa plume la représentant. Un cœur plus lourd que la plume et le défunt n’avait pas accès au royaume d’Osiris, dieu de la régénération, de résurrection. Seule une vie conforme à la Maât permettait de conduire à l’immortalité, à l’état de "Maâty", le "juste de voix". Pour passer ce tribunal vers l’au-delà, le défunt devait également dire la "déclaration négative", c’est-à-dire la liste de ce qu’il n’avait pas fait, indiquant par là ce qu’il avait réellement fait et qui était alors considéré comme étant dans la Maât.

Toute la civilisation, toute la pensée, tous les actes égyptiens reposaient sur ce principe divin. La stabilité des deux royaumes de Haute et Basse Egypte lui en est redevable. Maât était omniprésente. La décadence de la civilisation égyptienne est arrivée lorsque Ifset, le désordre, a pris le dessus lorsque ceux qui étaient sur le trône n’étaient plus pharaons de droit divin.

Dans notre vie moderne de tous les jours, lorsque nous sommes dans le doute, le déséquilibre, lorsque nous cherchons la voie (voix) juste, l’harmonie, nous pouvons toujours invoquer Maât sous la forme de son attribut aérien, et la paix viendra. Maât ne juge pas, elle est l’équilibre, l’harmonie, la vérité.

24 mai 2006

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Cerf d’Or

 

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Il y a actuellement 5 contribution(s) au forum.


Maât, la déesse de vérité
5 juin 2006, par Cerf d’or

Sorry,je ne sais pas. Quel serait le rapport avec Maât ?
Cerf d’Or


Maât, la déesse de vérité
30 mai 2006, par Comte Marcros

Bonjour Cerf d’Or

Que signifie Croomaat déja ?


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