"Lorsque passe le Serviteur de Lumière, sache le reconnaître et t’ouvrir ainsi, à l’identique Lumière au fond de toi perçue ainsi, par la Réflexion à laquelle il te convie."
Yves Monin (Bréviaire du Chevalier-Tome II)



Le Diable
La Lumière dans le Tarot
vendredi 12 janvier 2007

par Ibis

Le diable. Pour saisir cette lame et sortir des images qui s’imposent à l’audition de ce vocable, décortiquons un peu le mot.

Diable : c’est-à-dire d’abord « di », puis « able ». La racine « Di » désigne la lumière. Nous la retrouvons dans « diurne », et dans « Dieu » qui veut dire briller. En ce sens, « la maison Dieu » voudrait dire, « Maison Lumière », et un petit jeu de mot si courant dans les temps anciens pourrait nous faire écrire sans nous tromper « Maison d’yeux ».

Mais avant de saisir cette fameuse lumière si précieuse, il nous faut montrer quelque capacité. C’est là que nous trouvons notre suffixe « able », qui signifie « qui peut ». Comme capable, qui peut être chef, mesurable, qui peut être mesuré, etc. En anglais, « to be able » signifie « pouvoir ».

Le diable désigne donc l’étape qui nous permettra, si nous le pouvons, de contempler et de faire croître la lumière à partir de la lame 16. Ses cornes, font du « diable » un rappel de « Cernunos », le Dieu aux bois de cerfs consacré à la lumière divine.

Bien, mais comment ? Que devons-nous faire ? Le diable nous donne quelques indications.
Les deux yeux sur les genoux nous expliquent tout : convertir en un regard unique, la lumière pénétrant par un organe double, et ce, par l’initiation.

Là, diverses techniques nous sont proposées par la tradition : la concentration par les phosphènes chez les Perses, vipassana chez les bouddhistes, Shiné chez les tibétains, concentration sur un point du corps chez un peu tout le monde, visualisation, et tant d’autres techniques encore, qui toutes ont pour but, l’indépendance du sujet vis-à-vis des pensées, la permanence de l’identité. Comment pouvons-nous espérer fixer un jour la lumière, si nous sommes le jouet de la première émotion qui passe, de la première pensée qui s’impose. Nous sommes comme un royaume dont le trône est sans cesse occupé par une multitude de pseudo-roitelets.

Il y a dans le corps lumineux, un canal très précieux. Il est médian, et si la conscience réussit à y pénétrer, et à y demeurer, elle connaît l’illumination. C’est ce canal qui est figuré dans la Maison-Dieu sous la forme d’une tour. Pour y pénétrer, les moyens sont divers selon la nature de l’œuvre. Pour l’œuvre dont le corps est l’œuf, il faut activer les souffles internes en dirigeant habilement les souffles externes, de manière que le lieu de la forge, montré d’une part par le visage sur le ventre, d’autre part par l’anneau baigné de rouge où les deux cordes des diablotins sont attachées. Ces deux diablotins symbolisent les deux canaux par lesquels vont pénétrer les souffles externes venant des cordes de chaque côté, pour ensuite activer le cinabre secret, l’attache, faire ensuite monter le feu, et ouvrir le canal central, dont le diable est en fait la figure.

Dans la version de l’imprimeur Conver, ses yeux louchent vers le nez, et à la place du visage, sur le ventre, il nous montre une petite virgule, ce qui est encore plus précis, et transpose l’imagerie du niveau symbolique au niveau opératif.

Il a des ailes d’animal nocturne, car à ce stade nous sommes en préparation, et l’envol dans les cieux de la réalité est pour après. Ici, le sujet voyage dans les rêves, dans les replis du monde astral, et imagine encore ces visions comme extérieures à lui-même. Enfin, le croyait-il, car par l’apprentissage du regard unique, il apprend que c’est lui qui, depuis des temps immémoriaux a fabriqué ses propres réalités dans les trois mondes, avec ses trois paires d’yeux.

Grâce au long travail du diable, l’artiste quitte le monde des représentations qu’il a jusqu’alors tissé. Il prépare la venue de celui qui est sans mélange, simple et d’une seule pièce. Il prépare sa conscience à la reconnaissance de la lumière sans commencement ni fin, dans laquelle toujours il baigne.

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La carte du Diable présentée ici (© 2001-2006 JC Flornoy et éditions "letarot.com")
provient du site : http://letarot.com.


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Le Diable
12 janvier 2007, par Marc G.

Cette explication étymologique du mot diable s’inspire de la cabale phonétique qui peut marcher jusqu’à un certain point c’est vrai à condition de se souvenir que l’on peut faire dire ce que l’on veut à ces jeux de mots .Il y a en tout cas une autre piste c’est d’opposer diabole et symbole .Le symbole est ce qui unit alors que le diabole c’est ce qui divise .Le symbole du diable devient donc en ce sens un véritable paradoxe dont l’auteur de cet article Ibis se sort fort bien pour rester dans le positif et nous éclairer en fait.Pourtant je dois dire avouer que l’explication théologique reste à mes oreilles digne d’être entendue surtout dans une formulation aussi subtile que celle que je trouve sur le site des dominicains de la Province de Toulouse dont je vous donne lecture :

"L’Apocalypse est vraiment la description d’un combat contre la Bête. Quelle est cette bête, ce dragon menaçant ? Dans l’histoire, il y a d’une part ce mystère du salut, cette révélation du Royaume de Dieu, son action créatrice qui nous arrache à la mort et dans laquelle Jésus nous invite à entrer, et puis il y a, d’autre part, ce monde causal, déterminé qui ne peut transformer la mort qu’en une autre mort. Un mortel ne peut pas libérer un autre mortel de la mort. Seul le maître de la vie peut libérer de la mort. La liturgie, c’est ce drame de l’affrontement que nous vivons entre la vie et la mort, c’est-à-dire entre l’homme nouveau et le vieil homme, entre le péché et la grâce. Ces deux plans ne sont pas juxtaposés : il n’y a pas d’un côté, les bons et de l’autre, les méchants ; nous le vivons à l’intérieur de nous-mêmes, à l’intérieur de nos consciences. C’est pour cela que dans toute liturgie, avant d’entrer dans le mystère de cette re-création, nous avons à reconnaître que nous sommes nous-mêmes livrés au diabolique, que nous sommes aussi péché. Mais quand notre péché est reconnu, le don de nous-même appelle le pardon de Dieu. Dans la mesure où nous nous abandonnons à Dieu, Dieu nous accueille. Cependant, cette tension dramatique n’est pas d’un côté le transcendant qui serait là-haut loin de l’homme, un transcendant conceptuel, et puis un immanent phénoménal. Ce drame est partout, de toujours, c’est ce combat entre Jésus Christ et Satan.
« In illo tempore », en ce temps-là, c’est-à-dire en ce temps dialogal ou diabolique - on peut passer du symbole au diabole facilement - c’est dans ce temps dialogal, dans l’histoire, que Dieu nous a convié. Ce temps nouveau qui est le temps apocalyptique, le temps pascal, le temps mystique, ce temps où l’homme entre dans l’unité divine, n’est pas autre chose que ce temps liturgique qui construit l’Eglise, qui construit le monde." et pour lire toute l’article :
http://www.tradere.org/art/gence/gence18.htm


Le Diable
12 janvier 2007, par Rozavel

Merci Ibis pour cette lecture si inspirante de cette lame. Décidément, que d’émerveillement et de découvertes pour moi,à mettre mes pas dans ce sillage, jour après jour.


Le Diable
12 janvier 2007, par El Peregrino

Cher Ibis, vous démontrez avec ce texte éclairant que « l’intelligence du cœur » est interpellée par la simplicité des mots. Ils peuvent alors devenir pour tous une source de Lumière... ! Merci

"C’est seulement à l’intelligence du cœur que veut parler l’enseignement ésotérique, et c’est cette intelligence du cœur qui peut conduire l’homme vers sa libération"
(Bayard)


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