Cher Abd Al Hacq,

Ton approche d’Elie est un véritable voyage, un parcours de connaissance intime, non pas des Ecritures, mais de ce qu’elles agissent en nous. Tes références, tes intuitions se complètent si bien qu’elles ne suscitent aucune question. Tout au plus des rêveries, des intuitions complémentaires.

J’ai en ce qui me concerne approché l’Elie biblique en chantant le rôle d’alto : celui d’un ange dans Elias, l’Oratorio de Mendelson. En tant que tel(le), j’annonçais à Elie la nourriture qui allait lui venir des corbeaux..

En méditant sur Elie, je pense à la nourriture, une constante.

Quelle nourriture ! Comme c’est simple et difficile de la trouver cette nourriture !

Toujours autour d’Elie, elle abonde car « l’ange lui indique où la trouver ». Elle peut venir des corbeaux (à méditer, cette image forte). Aux moments où il le faut dans l’aventure, la farine est permanente dans le pot, ainsi que l’huile dans la cruche...(Rois 17-16) Quand viennent fatigue et découragement, « il y a son chevet un gâteau cuit sur des pierres chauffées et une cruche d’eau. Il mangea et but.. » « Lève-toi, mange, (dit l’ange) car le chemin est trop long pour toi » (Rois 19-8) !

C’est bien avant les paroles du Christ « celui qui mange ma chair et qui boit mon sang a la vie éternelle... Car ma chair est vraiment une nourriture, et mon sang est vraiment un breuvage.. C’est ici le pain qui est descendu du ciel... » (Jean 6-54/58).

Mais, comme tu le dis si bien, on s’en fiche des chronologies. Tout cela dit la même chose. Comme la vigne de Jizreel (Rois-21/1), qui est peut-être de celles qui enivrent Saint Jean de La Croix ou les mystiques sufis (Hallaj, Rûmi...) !

C’est à cette nourriture que nous aspirons tous. Elie est « l’Etre des vivants » parce qu’il apporte la Vie au moyen de cette nourriture qui lui a été donnée par Dieu. Je ne l’oublierai pas, quand, parfois, dans mon quotidien, elle me fait défaut, cruche tarie, pain sec.

Merci,

Laurence