La consultation consiste en quelques mots - jamais une plainte - chuchotés à l’oreille du docteur, qui répond par quelques paroles apaisantes et délivre une ordonnance homéopathique que Parsuram, son assistant, assis sur une natte devant trois grandes caisses de fioles, délivre sur le champ gratuitement. Ce sont les séjours au monastère, les retraites de méditation comme celle que je fais, qui financent ce projet.

Une petite fille que j’ai prise d’abord pour un garçon à cause de sa coupe de cheveux a passé toute la matinée dans la salle de consultation où elle s’est présentée toute seule : elle boîte légèrement, son talon droit ne touche pas le sol. Polio, a confirmé Shahid l’orthopédiste. Elle n’a pas quitté le Dr Kahn des yeux un seul instant. Quand je lui ai donné un bonbon, elle est venue s’asseoir à mon côté. Puis quand je suis sorti prendre l’air cinq minutes, elle m’a pris par la main et m’a emmené de l’autre côté de la route visiter son village. Dans mon hindi de débutant, je lui ai posé des questions simples sur elle et sa famille et elle m’a répondu si clairement que je comprenais tout ce qu’elle disait. C’était la première fois que je conversais vraiment en hindi. Et cette petite main confiante dans la mienne. C’était du bonheur. Dans le village, pour les autres enfants assemblés autour de nous, je n’étais pas l’étranger insolite mais un ami à elle dont elle était fière.

Quand il a fallu repartir, dans le dernier regard de Lakshmi, se voyait le même déchirement que celui que j’éprouvais.