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« Etre homme, c’est précisément être responsable. C’est connaître la honte en face d’une misère qui ne semblait pas dépendre de soi. C’est être fier d’une victoire que les camarades ont remportée. C’est sentir, en posant sa pierre, que l’on contribue à bâtir le monde. » |
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![]() ![]() Pierres reconstituées et rêves d’Empire samedi 23 mai 2015 par Sagemond |
Loin de moi l’intention de ternir de quelconque façon l’éclat de l’incomparable pierre précieuse par la comparaison avec une copie synthétique, si belle soit-elle. Ce n’est pas d’elle dont je veux évoquer aujourd’hui l’usage mais de pierres plus basiques, si je puis dire, élémentaires à la construction de nos habitations qu’elles soient simples demeures ou fastueux palais. Elles sont au goût du jour ces multiples pierres reconstituées, bénéficiant de subtils liants et colorants chimiques, elles deviennent parements, dallages et ornements de nos jardins, terrasses et espaces d’agrément du moment. Pour le plus bel effet et le confort de nos proches et amis. Nous pourrions penser, bien naturellement, que c’est grâce à nos connaissances récentes que nous n’avons plus l’obligation de faire appel à un compagnon tailleur de pierres pour construire et décorer nos maisons, châteaux et monuments à la gloire de nos héros. Remontons, si vous le voulez bien, quelques siècles et même quelques millénaires en arrière. Au temps le plus ancien pour lequel nous disposons encore d’édifices toujours debout et des écrits historiques de leur prodigieuse époque. Nous sommes en basse Egypte, dans le vaste delta du Nil, plus exactement dans la région de Saqqara, où les pharaons de l’Ancien Empire font édifier pour leur sépulture les pyramides à degrés. Ils veulent s’élever au plus près de la lumière de Ré, le disque solaire, symbole de vie et de renaissance au matin après la traversée de la nuit dans les ténèbres de la mort afin d’atteindre à la vie dans l’au-delà pour l’éternité. Ces premières pyramides sont faites des mêmes matériaux que ceux utilisés pour leurs palais et les temples : la brique d’argile crue. Il en faudra simplement autant que nécessaire ; la terre, l’eau et les hommes ne manquent pas en ces temps bénis des dieux. Au fil des jours et des ans, les maîtres maçons vont améliorer leur technique et découvrir que certains agrégats sédimentaires mélangés à la chaux et à la cendre se solidifient en durcissant jusqu’à reproduire parfaitement certaines roches naturelles, telles le porphyre, le basalte et le grès. Leur art va exceller dans la fabrication en nombre de vases pour les ablutions, de bustes de personnages royaux et de statues des dieux dont ils ornent les palais et les temples. Au fil des siècles de cet Ancien Empire, les bâtisseurs vont adapter cette connaissance de la pierre reconstituée pour élever, à la demande de leur pharaon, les plus majestueuses pyramides pour qu’elles reflètent sur toute la plaine les rayons du soleil de son lever à l’orient à son coucher à l’occident de la terre d’Egypte. Tous les éléments se trouvent sur place : l’eau du Nil, les carrières de calcaire friable et de natron, sans oublier la cendre récupérée auprès des foyers domestiques de tous les villages du delta. Une fois obtenu le mélange adéquat dans les grands bassins creusés à proximité, il était apporté à dos d’hommes dans les paniers tressés à cet effet jusqu’au site et versé dans les moules de bois pour former, en seulement quelques jours, à l’endroit prévu un nouveau bloc de pierre reconstituée. Ainsi s’explique, aussi, le jointoiement parfait des différents blocs entre eux, chacun servant au suivant de contenant dans sa partie mitoyenne. Kheops (IV dynastie, règne de 2590 à 2565 av. J.-C. ), Kephren, Mikerinos, l’un après l’autre chacun voulut sa pyramide quel qu’en fût le prix ou du moins sans vraiment se préoccuper des conséquences. Car ce ne furent pas l’eau du Nil, ni les sédiments et le natron qui s’amenuisaient mais la cendre. Celle des foyers ne suffisait plus. Au fur et à mesure des besoins grandissants, les arbres des palmeraies furent abattus et brûlés. Seulement sans l’ombre des palmiers pas de cultures potagères et fruitières à leurs pieds. Mais quelle importance pouvaient avoir quelques palmeraies face à l’impérieuse nécessité de bâtir pour pharaon la plus monumentale demeure pour l’éternité ? Tant et si bien que survint dans tout le pays de la basse Egypte une famine immense dont les récits trouvés dans les tombes relatent l’effroyable hécatombe. L’essor du pays s’effondra. Ce fût la fin de ces grandes dynasties de l’Ancien Empire. Quelques siècles plus tard, la grande Egypte des pharaons renaîtra dans une nouvelle époque qui reverra l’union des deux terres de haute et basse Egypte avec l’édification sous le règne du dieu Amon des grands temples, entre bien d’autres, ceux de Karnak et Louqsor. Mais entre temps, nous sommes passés du début de l’âge du fer (2650 av JC) et les techniques nécessaires à la taille de la pierre se sont pleinement développées et servent maintenant pour extraire des carrières de granit rose d’Assouan les blocs les plus imposants et les obélisques majestueux. Il apparaît que suite à cette famine mémorable un terme fût définitivement mis à de tels excès même si la construction de pyramides de moindre importance se perpétua dans le delta du Nil jusqu’aux derniers siècles de l’Egypte Antique. La connaissance sans la sagesse a mené les plus grandes et belles civilisations à de terribles catastrophes. Devant l’imminence de bouleversements destructeurs d’ordre climatologique, le perceptible et, non moins, salutaire éveil à une conscience planétaire saura-t-il faire prévaloir l’être sur l’avoir, le spirituel sur le temporel et la solidarité sur le chacun pour soi. Puisque comme nous le dit l’apôtre Saint Paul c’est par la foi, l’espérance et la charité dont nous sommes capables chacun d’entre nous qu’il nous est permis d’espérer que nous saurons mettre l’ensemble de nos moyens de communication, d’information et de décision commune, au service de l’épanouissement d’une humanité florissante et respectueuse de tous les êtres vivants qui composent la sublime biosphère de notre généreuse et inestimable planète bleue. |
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La Nouvelle Histoire des Pyramides d’Egypte de Joseph DAVIDOVITS Les illustrations proviennent des sites :
La photo de la palmeraie a été prise par l’auteur. |
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