Invités à dormir chez des amis. La chambre où je dors est taillée dans la roche, une chambre troglodyte.
Le premier soir je rencontre une force douce. Nous accordons nos deux vibrations -de roche et d’humaine. Nous nous apprivoisons dans l’humidité froide de cette chambre à flanc de falaise. Rencontre entre deux étrangères (la force est féminine) nous confrontons nos règnes avec respect, prenant garde que l’intensité de l’une ne heurte pas l’intensité de l’autre. Tout en douceur nous nous saluons dans l’espace qui précède le sommeil.
Deuxième nuit, la force revient, me trouve et rapidement m’invite à la suivre dans son monde de pierre. Je deviens, je suis une pierre. Un rocher couvert de fleurs des champs de buissons et de ronces, qui affleure entre champ et falaise calcaire dans la lumière du jour.
Puis le temps s’accélère. Je découvre le passage du temps, la rencontre avec les végétaux. La nature ressemble à un film accéléré fait de sensations solaires et végétales, la caresse des racines me réjouit, le velouté de la terre est une étoffe entre ma texture dense et la finesse des racines des plantes, plantes que j’héberge avec tendresse sur mon échine.
Le soleil me réchauffe par écaille, l’ombre trace des sillons de sensations dans ma chair, la pluie me pénètre, les fleurs tremblent dans la succession clignotante de jours et de nuits. Le temps file par bloc de siècles et l’homme -quand il passe- n’est qu’une mouche qui flotte brièvement dans la lumière. Je m’émerveille dans cet espace sans temps, tout en lumière et en douceur.
Puis je glisse dans le sommeil, remerciant l’esprit du rocher.