Echec et Mat ! (1)
J’ai perdu...
lundi 25 avril 2005

par Dazur


- à Grégory A., brillant joueur d'échecs
que j'ai vu petit garçon dans un immense tournoi
et dont le sérieux et la concentration m'impressionnèrent....

- et à tous ceux, vous, moi, qui connaissent ou ont connu
cette étreinte un peu trop intime avec leurs échecs personnels,
ce que le monde moderne nomme "dépression".

Nous sommes l'un face à l'autre.
Entre nous l'échiquier.
Depuis de longs moments, la partie est commencée.........
"Echec au Roi !"
"Echec et Mat !"
L'évidence est là sous mes yeux.
Tu as gagné ! J'ai perdu !
La partie est finie.

Voilà !
C'est tout !
Cet échec est le mien.
J'ai perdu...

Comme nous sommes attachés aux échecs qui jalonnent notre vie !
Comme nous semblons certains de la réalité que nous leur attribuons !
Comme nous sommes prompts à en laisser la brume épaisse envahir notre mental !
Comme elle nous semble finalement confortable, cette dépression du chemin, ce fossé, en contrebas du sentier dans lequel nous nous lovons corps et âme, interdisant inconsciemment à tout notre être d’avancer d’une quelconque façon !

"Echec et Mat !"

Cette formule a jailli dans mon esprit, il y a quelques semaines, accompagnée de quelques images et l’ordre intime et impérieux de me pencher plus avant sur le sens de l’échec et... une nouvelle partie...

Je vous invite à m’accompagner sur les sentiers que j’ai parcourus au long de cette recherche et à partager quelques associations d’idées qui, loin de toute réalité, ont éveillé en moi l’envie de poursuivre et de continuer à jouer... le jeu de la Vie.

La tradition mentionne que l’échiquier composé de 64 cases aurait été créé par Shiva au cours de sa danse cosmique. Ces 64 cases furent ensuite utilisées dans l’Inde ancienne pour tracer les plans des temples et des cités. Les quatre cases centrales étant la résidence de Brahma tandis que les soixante autres étaient symboliquement habitées par les dieux secondaires hindous.

Le jeu d’échecs lui-même aurait été inventé en Inde au Ve siècle par le brahmane

Sissa chargé de l’éducation d’un jeune prince. Il lui enseigna ainsi, sur un échiquier dont toutes les cases sont encore blanches à l’époque, les règles de la stratégie guerrière tout comme celles de la société.

Le jeu s’exporta ensuite vers les terres musulmanes et l’Islam le prisa si fort que nombre de ses règles furent alors codifiées.

L’Islam en conquérant l’Espagne et d’autres terres au nord de la Méditerranée introduit le jeu d’échecs au sein du Moyen Age chrétien qui développa son aspect symbolique :
 en créant le damier noir et blanc ;
 en abandonnant le facteur hasard et donc les dés avec lesquels on jouait jusque-là aux échecs ;
 et en transformant quelques pièces :
* les éléphants devinrent des évêques avant d’être des fous,
* les chars devinrent des tours,
* le vizir qui siégeait auprès du roi devint la dame.

Le seul élément féminin du jeu est un fruit de la chevalerie courtoise pour les uns et de la dévotion grandissante à Notre Dame pour les autres.

Mais jouons plutôt !

Tu prends les noirs ? D'accord, moi, les blancs ! Le but : prendre le roi adverse en disant "Echec et Mat !"

L’expression "Echec et Mat" vient du mot persan Shah qui veut dire le roi et du terme arabe Mat qui signifie la mort.

Shahmat !
Echec et Mat !
Le Roi est mort !
Mais qui est ce Roi ? Et que symbolise-t-il ?

Devant moi, deux tours qui se déplacent sur les lignes et les colonnes de l’échiquier, les cavaliers qui seuls peuvent sauter par-dessus d’autres pièces, deux fous qui suivent les diagonales, la dame qui prend la route qu’elle veut, du nombre de cases qu’elle veut et le roi qui ne peut bouger que d’une case à la fois mais dans toutes les directions. Pour protéger ces huit pièces majeures : huit pions, simples soldats, avançant le plus souvent d’une seule case.

J'ai 16 pièces blanches, toi, 16 pièces noires en face.
Il reste 32 cases libres au milieu de l'échiquier pour nous affronter.

Face à moi, tu es l'Autre !
Adversaire ? Partenaire ? Ennemi ?

Mais qui est l'Autre ?
Qui sont les Autres ?

Tout est en place, la partie peut commencer !

Perceval,

jeune chevalier, entre, lors de sa quête, dans un château désert où il découvre dans une petite pièce voûtée, sur une table basse, un échiquier peint d’azur et d’or dont les pièces sont de l’ivoire le plus pur. Il s’assied, déplace une pièce négligemment. Un invisible adversaire en déplace une autre... Mystérieux !...... Au bout de quelques échanges, vivement agacé, Perceval renverse les pièces d’un revers de main... mais celles-ci se redressent d’elles-mêmes et rejoignent leurs places. Deux fois encore il joue..... et deux fois, il est mis en échec ! Jugeant cette situation insupportable, il prend tout le jeu cette fois et le lance par la fenêtre dans le lac qui s’étire au bas du château.

Perceval le Gallois, dans un mouvement de colère, jette hors de sa vue l’échiquier, symbole du monde et de ses règles qui s’entrecroisent... Il est encore ignorant des règles de ce jeu.

Ignorant des règles de la société, ignorant des règles de la chevalerie, ignorant des règles de ce Jeu que l’on nomme la Vie...

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