Arkghan : Je vais changer de sujet et revenir cette fois à Raymond Bernard et aux rites Maçonniques car je reste un peu sur ma faim de compréhension et de Connaissance. Raymond Bernard a pratiqué le Rite Ecossais Rectifié d’inspiration templière. Comme vous l’avez bien connu, pouvez-vous nous dire s’il s’est inspiré de ce rite pour mettre au point les techniques rituelles des différents Ordres néo-templiers dont il a été le fondateur ?
Jean-Pierre Bayard : Le Rite Ecossais Rectifié est beaucoup plus chevaleresque que le Rite Ecossais Ancien et Accepté et ce rite s’inspire d’une survivance templière. Raymond Bernard initié à ce rite chevaleresque ne se place certes pas dans la descendance des templiers, mais il y discerne une implication commune.
Cette appartenance a dirigé Raymond Bernard vers cet esprit chevaleresque templier mais en outre et de façon générale la Franc-Maçonnerie a apporté à Raymond Bernard la rigueur, l’organisation et la tolérance maçonnique.
Arkghan : Et discrétion oblige, beaucoup ignoraient ou ignorent encore que Raymond Bernard a fait un important chemin dans la Franc-Maçonnerie. Qu’est-ce que la Maçonnerie lui a certainement apporté selon vous ?
Jean-Pierre Bayard : La Maçonnerie est une organisation très directive, une organisation très stricte avec des bureaux et une structure très stricte, elle a sa justice propre. En fait quand l’Ordre de la Rose-Croix AMORC débute en France sous l’impulsion de Raymond Bernard, l’initiation se faisait chez soi. Chaque individu, dans son sanctum, se regardait dans une glace pour s’élever spirituellement grâce à des brochures lui permettant un travail spirituel.
Arkghan : L’auto-initiation ne serait pas valable selon vous ?
Jean-Pierre Bayard : L’initiation par soi-même peut se faire. Il y a des groupes comme ceux d’Aleister Crowley par exemple qui se font par une initiation par soi-même, mais il faut déjà avoir une forte personnalité. Or je ne pense pas que le recrutement de l’AMORC permettait à chacun d’avoir le pouvoir et les connaissances de pouvoir s’initier par soi-même qui reste le plus souvent une émulation. Et d’ailleurs maintenant l’AMORC procède à des tenues rassemblant ses membres dans un temple décoré symboliquement.
Arkghan : Oui, je pense que c’est toujours une école dont les portails sont plus faciles à ouvrir que ceux de la Franc-Maçonnerie au début, mais comme dans toute voie authentique, il y a beaucoup d’appelés et peu d’élus.
L’initiation est toujours une école de patience, dans les hauts degrés les Rosicruciens se comptent parmi le petit nombre de ceux qui y sont parvenus. En quoi Raymond Bernard a-t-il pu bénéficier, selon vous, de son affiliation Maçonnique au cours de sa mission dans la Rose-Croix ?
Jean-Pierre Bayard : Raymond Bernard a tout organisé ; il a créé temples, ornements, décors, rituels. Il était resté dans l’esprit Maçonnique. D’ailleurs, il y a une quinzaine d’années pour moi, il m’a demandé de le réintégrer, mais cette fois à la Grande Loge de France où le Rite Ecossais Ancien et Accepté a moins d’apport chevaleresque.
Arkghan : Il y en a un tout de même ?
Jean-Pierre Bayard : Oui, dans les hauts grades, mais beaucoup moins que dans le R.E.R. qui se termine par un grade de Chevalier Bienfaisant de la Cité Sainte. Il s’agit véritablement d’une ordination chevaleresque ; c’est un adoubement qui est à peine Maçonnique.
Arkghan : Si je comprends bien votre réponse, Raymond Bernard a pu s’inspirer de son initiation Maçonnique non seulement pour les Ordres chevaleresques qu’il a fondés mais pour l’ensemble de son travail d’organisateur au sein de ces structures et de celles qu’il a animés ?
Jean-Pierre Bayard : Il est indéniable qu’il a été influencé par la Franc-Maçonnerie.
Arkghan : Il est curieux d’observer que Raymond Bernard est entré à la Grande Loge de France après avoir fondé le CiRCES et l’OSTI alors que cette Obédience Maçonnique a comme vous le dites une note moins chevaleresque, ce qui peut témoigner de sa fidélité au fond à l’initiation Maçonnique.
Et comme il s’est retiré assez tôt de toute direction dans ce dernier mouvement qu’il avait créé, il y a peut-être un message de retour à une certaine simplicité, un besoin qu’il a pu éprouver à la fin de sa vie alors que, pour les raisons et à cause des tragiques affaires que nous connaissons et que nous n’évoquerons pas ici, ce grand serviteur discret de la Tradition s’était trouvé, bien malgré lui, placé sous les feux de la critique et victime des jugements erronés.
Mais il est vrai que nous avons là un sujet ésotérique fort complexe et controversé à savoir celui de l’éventuel héritage initiatique des Templiers.
Vous avez fait une mise au point que je trouve très édifiante dans un article que l’on trouve sur internet en ce qui concerne les filiations templières et la Maçonnerie et plutôt que vous faire redire tout cela, comme nous allons être sur internet, je vais mettre le site en lien pour laisser les lecteur s’y rendre et le lire : http://www.cgagne.org/.
Je vais seulement citer à la fin de votre article ces deux phrases : « Il est maintenant démontré, contrairement à une opinion trop répandue, que les Hauts Grades maçonniques, pas plus que les rites maçonniques des trois premiers degrés, ne sont les héritiers directs des Templiers, pas plus d’ailleurs que les nombreuses sociétés profanes qui s’en réclament »
et « Par contre, l’imaginaire suscite les mêmes transports idéologiques et il n’est pas rare de rencontrer hommes ou femmes, aux pieds plats et à la démarche chancelante, se proclamer appartenir à la noble lignée des chevaliers du Temple... »
Cette dernière phrase m’a follement amusé, car on y retrouve bien votre style, votre côté un peu moqueur par ce trait de satire finalement léger et pas méchant mais très imagé. On comprend tout de suite ce que vous voulez dire surtout s’il nous est arrivé de rencontrer ce genre de « forts des Halles » à qui on aurait eu à dire « Arrête un peu ton char, Ben Hur ! »
Mais au fond il me semble pouvoir dire ceci : Que l’on continue à se réclamer d’une si hypothétique filiation Templière dans les Hauts grades Maçonniques ou dans d’autres organisations n’est peut être pas si important tant que l’on cherche à incarner un véritable esprit chevaleresque et c’est bien dans tous les cas ce que ces différents groupes font de leurs idéaux ou de leurs croyances qui doit être véritablement pris en compte.
Je suis en train de faire une transition vers une question importante que je voulais aborder avec vous, Jean-Pierre Bayard : c’est la question de la liberté de conscience et des sectes.
Je veux saluer votre courage pour avoir pris la défense de la liberté de conscience et d’association en particulier avec votre livre cité dans mon introduction « Le Guide des sectes et des Sociétés secrètes » publié au cœur de la tourmente dans une France en train de revenir aux vieux démons de la chasse aux sorcières. Il y a eu peu de voix à s’élever...
Jean-Pierre Bayard : Mais il y en a eu...
Arkghan : Votre livre paru aux éditions Philippe Lebaud en 1997 a-t-il eu l’impact voulu ? Avez-vous été entendu et compris ? Pensez-vous que les choses se sont tassées aujourd’hui.
Pour mémoire pour situer le débat et pour les internautes, je vais citer quelques passages de votre livre :
Vous rappeliez d’une part l’avis donné par le Conseil de l’Europe le 20 Janvier 1992 : « Les sectes ne sont pas toutes délictueuses ou destructrices. Il faut donc être prudents pour ne pas commettre d’injustices. Nous ne pouvons pas, par exemple, considérer que n’importe quel groupe ayant des croyances non traditionnelles, est une secte avec toutes les connotations négatives que cela suppose et nous ne pouvons pas non plus incriminer un groupe en tant que tel, ou ses croyances, sauf dans des cas très particuliers, mais seulement ses activités délictueuses, dûment démontrées. On ne pourra jamais protéger des droits et des libertés par la suppression d’autres droits et libertés. »
Je cite vos propres mots chargés de bon sens et de justesse : « On s’étonnera peut-être que dans un livre où les sectes sont minoritaires, j’accorde une place aussi large au débat qui s’est créé à leur propos. La raison tient dans une préoccupation grandissante que je partage avec de nombreux universitaires et écrivains dans notre pays où les associations abondent et où elles constituent un espace de liberté et de fraternité, la mise à l’index d’un certain nombre d’entre elles me paraît aboutir à un climat très dangereux. »
« Ce livre entend présenter un éventail de la pluralité des doctrines qui se basent sur une ferveur, que celle-ci soit critiquable ou non, mais qui prouve que notre monde a besoin de nouer des liens entre le visible et l’invisible, de construire des mythes où se décèle notre désir d’une humanité à la fois diverse et solidaire où tout tendrait vers une certaine perfection. »
Jean-Pierre Bayard, tout est dit... Alors où en sommes-nous maintenant ? Est-ce qu’on a pris conscience qu’on était allé trop loin ?
Jean-Pierre Bayard : Oh oui ! oui ! Je crois qu’on en a pris conscience. Il y a eu beaucoup de personnes à s’insurger. Il y a eu principalement Louis Pauwels.
Arkghan : Il a pris la plume dans le Figaro Magazine, je crois.
Jean-Pierre Bayard : J’ai été très ami avec Louis Pauwels. Il me disait dans une de ses lettres qu’il n’avait pas pu prendre toutes les positions qu’il aurait voulu à cause de ses responsabilités au Figaro Magazine. Il y en a eu d’autres, des professeurs, des universitaires. Il y a eu mon ami le professeur Antoine Faivre. Eliade aussi a reflété cet esprit critique, mais j’ai bien d’autres amis professeurs dans ce cas.
Arkghan : Antoine Faivre qui a soutenu le CESNUR en France, mais ces gens ont eu la partie dure car ils ont été stigmatisés politiquement, quant à Eliade, j’imagine que la cible qu’il était ne lui a pas laissé beaucoup de marge.
Nous avions la semaine dernière les journées de l’archéologie. J’ai pensé à un texte de JPB datant du 19 juin 1992"La valeur initiatique dans notre société de consommation."avec paradoxe on fouille un peu partout en paraissant délaisser nos problèmes quotidiens ; on exhume nos ancêtres en cherchant à déterminer leurs moyens d’existence, leur psychologie, leur comportement.... l’archéologie avec ses données scientifiques attire de plus en plus d’adeptes...Pourquoi ces enquêtes vers un monde révolu alors que notre monde matérialiste cherche à créer une communauté européenne ? N’aurions nous pas une totale confiance dans notre avenir, dans notre devenir ? Désirons nous nous appuyer sur un passé qui nous rassure à cause de sa pérennité ? Que devient la spiritualité non agissante dans ce climat de l’action avide de profits ?... ; Grâce à la recherche archéologique nous constatons que l’homme a peu évolué ; il a toujours les même besoins, les même désirs, les mêmes pulsions, seul de décor extérieur se modifie." Et plus loin "Sommes nous heureux ? On peut se le demander lorsque l’on songe que l’Allemagne a le plus grand nombre de suicide d’adolescent alors que sa réussite économique est indéniable" Pour finir sur du positif "il faut aider ceux qui sont encore en dehors de la fraternieté sacréen avoir espoir qu’avec l’ère du Verseau un effort de compréhension mutuelle permettra cette union des coeurs."
Une personnalité que les amis de Raymond Bernard connaissent bien puisqu’il a un temps été associé au projet de Fédération Internationale des Mouvements Initiatiques Traditionnels,( FIMIT) dans l’élan de la création du Circes. Il s’agit de Rémi Boyer, (L’incohériste) www.incoherism.book.fr
Il a publié un livre en février 2012 aux éditions du Mercure Dauphinois www.evene.fr/livres/livre/remi-boyer-la-franc-maconnerie-une-spiritualite-vivante-810621.php ; C’est une enquête auprès des diverses obédiences francophones pour savoir si la Franc Maçonnerie peut encore être ou redevenir, initiatique au sens d’une quête de l’être. Dans un entretien avec éditions arga www.editions-arqa.com/editions-arqa/spip.php?article604il dit ceci :
"Nombre d’individus engagés sur le chemin de l’initiation sont d’ailleurs happés par un besoin exacerbé d’accumulation d’informations qui n’est qu’un trait de l’aliénation du « moi ». L’initiation requiert d’abord le Silence, et ne saurait s’embarrasser de l’histoire, qu’elle soit officielle, non-officielle ou personnelle."
Avec beaucoup de retard, je peux répondre que la chambre c’est la réception d’une initiation personnelle reçue dans votre chambre ou dans votre sanctum. Ce sont des instants de lumière qui éclairent certaines de vos interrogations et arrivent, je suppose, quand c’est "le moment". Ça peut aussi commencer par une épreuve. Je dois confesser que ce sont des instants rares qui marquent à vie. Simonne
En ce qui concerne les rapports entre les Templiers et la F.M il n’y a sans doute pas filiation directe mais forte influence dans la continuité de l’Oeuvre.La chevalerie évolue , et oui .
Bonjour à vous
Le nom de ce site n’est pas Baladins de Tradition mais retour du sens et qui plus est retour de l’éloquence .C’est ici un lieu de saintes palabres comme entre Maître Bayard et cet Arkghan et bien d’autres choses que j’ai pu y lire encore.
A présent les hommes vertueux sont incongrus une étrangeté voire une aberration. Nous ne savons plus comment la vertu peut investir un homme c’est pourquoi le bien ne peut entrer dans le monde car en outre ce qui est plus grave nous ignorons ou nous sommes dans le à peu près au sujet de ce qu’est la vertu . Depuis Socrate et son disciple Platon en Grèce l’occident recherche une véritable théocratie permettant d’avoir des dirigeants politiques éduqués et eux-même conduits par des sages. Laformule est perdue ici mais on en a gardé le souvenir en Afrique et en Asie.
Mais enfin les choses changent et vont changer encore. Si la Franc Maçonnerie est plus spirituelle comme nous l’annonce Maître Bayard, c’est qu’elle vit avec son temps, un temps où contrairement aux apparences, l’humanité se spiritualise ou se respiritualise. La Maçonnerie se spiritualise c’est certain alors comme elle est influente elle peut nous ramener une sorte de théocratie non sectaire bien sûr. Disons tout de suite que le discours officiel ambiant des médias et des politiques sur les sectes est et demeure dans la teneur du mensonge en ce qu’il réfute, combat, la réalité de ce retour du spirituel dans toutes les traditions aux multiples résurgences. Quand tout le monde entretient l’amalgame on nous prive de ce discernement nécessaire afin de trier le bon grain de l’ivraie dans tout ce qui se propose, s’offre et se vend en matière de recherche spirituelle. Eh oui, nous devons développer notre sagesse ! C’est pourquoi nous devons à présent comprendre le fait d’un mélange constant de la Lumière avec les Ténèbres. Aussitôt qu’une forte concentration de Lumière apparaîtrait quelque part, l’ombre aussi se manifeste, cherchant à l’investir, parvenant hélas parfois à ses fins.Tout au moins elle amène tellement de confusions, de divisions partout que nous sommes déroutés. Cette époque n’est pas pour les tièdes,mais elle est pour les héros spirituels, pour les combattants du Dharma. Ne jugez pas sur les apparences, ne jugez pas si vous ne voulez pas être jugés car cette époque est folle mais elle va bientôt prendre conscience de sa folie, elle va retrouver sa mesure.
J’ai dit !
« Il est clair que c’est par une faveur divine que la vertu arrive à ceux qui la possèdent, mais nous n’atteindront la dessus la certitude que si, avant de chercher de quelle manière la vertu arrive à l’homme, nous entreprenions de chercher ce que peut être la vertu en elle-même. » (Socrate cité par Platon dans Ménon)
L’éloquence vous nous en servez Aristide, mais le plus important c’est que vous amorcez une réflexion sur la connaissance de la vertu elle-même, c’est là toute l’entreprise Socratique constitutive du grand moment fondateur de la civilisation occidentale.Le génie des négateurs ( Nietzsche) qui se veulent libérateurs ne peut l’abattre sans ramener l’homme à la tragédie tant il est vrai que le sommeil de la raison comme disait Goethe engendre des monstres, cette raison que le disciple Platon nomme Logos et que les initiés recherchent comme la Parole perdue. Si l’homme cherche le vrai, il trouve,il trouve le bien donc la vertu et également le beau alors là je suis d’accord pour avoir de l’éloquence .Cette recherche de ce que peut être la vertu en elle même est l’expérience de la pensée qui s’approche de la vérité car alors rien ni aucune autorité fallacieuse ne peut vous faire déchoir ou vous faire dévier de ce que vous avez obtenu par la longue ascèse de la confrontation de la cohérence ou de l’incohérence de la pensée avec elle-même.
Vous dites que dans l’Ordre de la Rose+Croix AMORC, "Raymond Bernard a tout organisé ; il a créé temples, ornements, décors, rituels.".
Je me permets de rappeler que l’Ordre de la Rose+Croix a été réactivé en 1909 aux Etats-Unis par le Dr Spencer Lewis et que c’est lui qui a "créé temples, ornements, décors, rituels.".
Raymond Bernard a traduit les rituels en langue française lorsqu’il a reçu la charge de s’occuper de cette juridiction de l’AMORC mais il ne les a pas "créés".
Ses efforts au début des années 60 ont consisté - entre autres - à faire largement connaître cette voie d’accès à la Connaissance et à une haute spiritualité et l’on peut dire que grâce à son travail sans relâche au service des idéaux de la Rose+Croix et à son immense rayonnement personnel, il a magnifiquement réussi.
Ayant eu l’occasion de participer aux rituels de l’Ordre de la Rose+Croix AMORC tant dans des loges françaises et d’autres pays d’Europe qu’au temple du siège mondial de l’Ordre à San José en Californie d’où il n’avait pas ou peu varié depuis l’origine, je peux dire que le décorum était partout identique.
Maintenant, quelles ont été les éléments - maçonniques ou autres - qui ont pu inspirer le Dr H. Spencer Lewis au début du XXe siècle ? C’est un autre débat ;-)
Il est délicat de répondre en place de Jean-Pierre Bayard, mais tant pis, je me lance car la question est importante .Il me semble que notre ami sait bien que ce n’est pas Raymond Bernard qui a à ce point installé la voie Rosicrucienne dans ses aspects rituels et symboliques alors que c’est le cas dans le développement du Martinisme si je ne m’abuse.
Peut être a-t-il confondu mais...
Je n’ai pas voulu le contredire lorsqu’il m’a fait cette déclaration car j’y ai perçu une intention que j’ai voulu respecter :
Celle de rendre un peu à César ce qui est à César c’est-à-dire de restituer son ami Raymond dans un rôle de tout premier plan pour l’essor du mouvement Rosicrucien en Europe et l’espace francophone mondial, rôle qui lui semblait injustement passé sous silence par ses continuateurs. Ce sujet a été abordé dans notre échange, je suis donc certain de son sentiment sur ce point même si nous n’avions pas prévu d’en publier la teneur. Jean-Pierre Bayard est un honnête homme au sens classique du mot, un homme de raison et non de passion mais cet échange le laisse bien voir, un homme fidèle en amitié. Qu’est -ce qui a pu nourrir l’amitié de ces deux hommes ? Sans doute beaucoup de choses dans les liens initiatiques partagés en Maçonnerie, mais certainement un même esprit de service, de la plus grande tolérance, une même curiosité spirituelle universaliste. Si nous allons vers Dieu en chercheurs de vérités comme des Jnana Yogis diraient les Hindous, nous devons être justes avant d’aborder les grandes questions métaphysiques dans les sujets événementiels, historiques. Il y a un remarquable ouvrage de Christian Rebisse « Rose-Croix, Histoire et Mystère ».C’est un livre intelligent, érudit mais il fait l’impasse complètement sur l’action de Raymond Bernard dans la Rose-Croix. C’est un peu malheureux, je trouve et c’est maladroit finalement. Il devrait y avoir un juste milieu entre la ferveur entretenant un culte assez « surmoïque » que ce dernier n’a jamais cherché ni encouragé et le rejet tout aussi faux car passionnel d’une haute personnalité de l’ésotérisme que le microcosme initiatique français devra à mon sens arriver à intégrer dans son histoire ou sa hiérohistoire. Pour ce qui est du lien entre la Rose-Croix et la Franc Maçonnerie, de façon plus générale justement ce livre bien documenté permet de faire avancer la question en particulier de savoir si H.S. Lewis a été lui-même inspiré par le Franc Maçonnerie. Je crois qu’on ne peut pas nier le fait que l’Imperator Américain a voulu créer un Ordre indépendant de la Maçonnerie, comme de la Théosophie ou de toute autre organisation.
A la page 318 de ce livre, le chapitre « Harvey spencer Lewis Franc-maçon fait état de l’influence d’un proche collaborateur de Alfred A Sauders, membre de la Loge Maçonnique King of Salomon. C’est à lire. A mon sens il faut garder à l’esprit que de tels ordres authentiques sont créés avec l’aide directe ou indirecte de collèges supérieurs de réalisés, selon le terme du baron von Hund, livré en 1756( fondateur de la Stricte Observance Templière), et que les ressemblances sont inévitables puisque l’initiation est Une tant que ces ordres restent sur la ligne tracée, et vous confirmez qu’il en est ainsi. Ceux qui pensent que l’Amorc ou d’autre Ordres similaires sont une création ex nihilo sortie du cerveau d’un homme habile,se fourvoient,(mais ils en ont le droit) car cela dépasse toute mesure humaine comme s’en rendent compte ceux qui parcourent ces voies de l’intérieur.
Très Fraternellement
Je dois dire que j’ai, à partir des monographies de l’Ordre Rosicrucien AMORC, été initié à la chambre et que la répétition dans le Temple, si elle a été différente,a souvent été moins inspirante que la première justement parce qu’elle était la première. J’ajouterais que les "initiation" inattendues à la chambre qui arrivent à un moment donné, sont de portée encore plus étonnantes et efficaces, mais de celle là, il ’est pas question de parler.
Quant à la filiation des templiers avec la franc-maçonnerie, des recherches sur Fabré Palaprat né en 1773 franc maçon, indique que c’est la franc-maçonnerie qui lui a donné la permission de séparer d’elle l’ordre du Temple.(documents à l’appui, il a été le dernier grand-Maître de filiation templière),Raymond Bernard ayant reçu ses attributions d’autorités autres conservées et transmises d’âge en âge.
Simonne.
Je suppose Simonne que vous êtes au nombre de ceux et celles dont j’ai dit à Jean-Pierre qu’ils sont le petit nombre des disciples longuement testés et mis à l’épreuve dans la Rose-Croix AMORC et qui ont pu avoir accès à des enseignements à des initiations de très haute portée. Je ne suis pas certain de comprendre tout à fait ce dont vous parlez,il me semble que vous comparez des expériences similaires reçues dans des organisations différentes. Vous en avez certainement le droit et pourtant je crois qu’il ne faut pas trop s’y attacher, chaque expérience est unique, vous savez que l’on ne perçoit souvent qu’une toute petite partie de ce qui est reçu .Le personnage de Fabre Palaprat est d’un grand intérêt pour l’étude de la Tradition. La transmission Larmenius est loin de convaincre les historiens ainsi que nombre d’ésotéristes (dont J,P, Bayard) c’est pourqoi on peut ouvir le débat et je ne serai pas fâché de lire une étude sur lui et son Ordre sur ce site...si le coeur vous en dit. Le Languedoque demeure une terre mystique de transmission ésotérique considérable .En ce qui concerne les filiations templières transmises à Raymond Bernard qu’il évoque dans ses récits, cela reste un mystère .Il a avoué à Serge Caillet que ces récits et donc les personnages de ceux-ci son allégoriques .Est-ce pour autant qu’il n’y a rien eu ? Vous semblez croire que non. Je me contenterai de dire que dans ce cas,on devrait reconnaître l’arbre à ses fruits. Mais de toute façon une transmission ne fera pas tout .A mon sens les organisations spirituelles n’existent pas essentiellement pour elles-mêmes mais pour l’humanité, elles prennent une vraie valeur dans ce qu’elles donnent à partir de ce qu’elles ont reçu. A cet égard la parabole Christique des talents est appropriée. Bien à vous.
Cher Arkghan, Non je ne compare pas des initiations similaires dans différentes organisations mais des initiations particulières reçues dans l’ordre rosicrucien puis chez les templiers, chez Saï Baba et dans la chambre. Bien sur chaque expérience est unique et nous n’en percevons pas toute la portée c’est pourquoi l’on ne peut pas comparer une expérience à une autre : l’une fait comprendre ceci et à l’autre cela. Bien sur, les organisations spirituelles n’existent essentiellement que pour l’humanité, et les expériences personnelles ont le même but puisque nous sommes un dans l’Esprit Christique qui est en chaque religion. Bien à vous, je crois que Raymond Bernard a reçu les initiations templières requises à Grotta ferrata par celui qu’il appelle le cardinal blanc dans "Rendez-vous à Rome" et, d’autre part j’ai vu à la télévision un prélat de Rome qui portait une croix templière au bout d’une longue chaîne. Chacun peut en penser ce qu’il veut. Bien à vous Simonne.
Bonjour Simonne,
Si je comprends bien, vous êtes de toutes les guerres...!Je connais l’Amorc mais de quel Ordre templier parlez-vous car d’après un compte donné dans un livre de jean-Yves Leloup il en existe plus de 800 dans le monde ! Je connais Saï Baba mais je ne sais pas ce que c’est que la Chambre.A mon avis le récit du rendez-vous secet à Rome est un récit allégorique fondateur comme celui de H.S. Lewis à Toulouse qui recouvre une autorisation venue de la sphère supérieure initiatique, c’est à dire les S.I. pour créer un mouvement ou plusieurs dans la tradition du Temple.Autorisation et influx spirituel.Il y a eu rencontre, transmission sur un plan terrestre mais les faits sont présentés de façon symbolique.Gotta Ferrata certainement,le Cardinal blanc n’est pas et même a peu de chances d’être un ecclésiastique mais ce n’est pas impossible non plus.Celui qui a pour mission d’extérioriser un cercle de réalisés dans le monde se trouve très exposé lui-même aux attaques de l’ignorance.Que de fantasmagories ont été imaginées au sujet de ce Cardinal Blanc sans parler des récupérations par des groupes déviants .Ce qui doit être protégé du monde le sera de toute manière car les secrets initiatiques dans la sphère du Summum Bunum sont inviolables.
Je suppose que votre correspondante a voulu parler des initiations effectuées en "sanctum" ,c’est à dire dans un lieu réservée à l’étude, à domicile. Sans vouloir trop rentrer dans les détails, le rituel tout comme l’initiation reçues en sanctum sont le 1er pas et tout est déjà contenu en eux. Les rituels de pronaos ou de loge, les intiations sont le développement et le prolongement mais ils seraient vains sans le désir réel et sincère qui anime le membre. Dans tout les cas, "ca marche", il y a vraiment quelque chose qui se passe et qui est à la mesure et à la portée du membre qui effectue ces initiations à domicile, ou qui se rend dans une loge rosicrucienne. Néanmoins, l’essentiel n’est pas tant de "recevoir", mais de travailler à partir de ce qui est reçu.
Pour continuer sur ce sujet, s’il ne faut pas négliger les initiations ET les expériences effectuées dans son sanctum, on ne peut passer sous silence l’impact du rituel et des initiations dans un temple. Qui n’a jamais été impressionné quand il rentre pour la première fois dans un lieu comme celui-ci ? Qui n’a jamais éprouvé de forte émotion, voire même une sacré frousse quand il est admis à franchir le seuil ? Et qui ne s’est jamais senti inspiré lors des échanges avec les autres, comme si une même idée "s’incarnait" en chacun, qui la retransmet alors à sa façon, mais tellement complémentaire de celle des autres ? Le maître mot de tout cela est une certaine disposition intérieure. Quiconque agit en dilettante, en curieux, en simple touriste ou en consommateur a vite fait de décrocher et préfère en général voir ailleurs ce qui se passe, aller faire ses emplettes et "manger de l’initiation". Un rituel ou une initiation en sanctum ne sont pas antinomiques de ce qui se passe dans un temple. Maintenant, à chacun son ressenti et en ce domaine, rien ne doit être coulé dans le ciment.