Marre de me raser dans la douche commune infestée de moustiques ! Alors direction centre ville, un saloon en face du Mahaboddhi, tenu par des musulmans, experts dans la chose capillaire.

Non seulement le barbier vous fait la barbe et vous taille la moustache, mais en plus, le cas échéant, élimine poils de nez et d’oreilles et égalise les sourcils. Pour un petit supplément, il propose aussi un massage du visage qui vous transforme le faciès en pâte à modeler, puis ses mains expérimentées descendent vers le cou, les épaules. Après deux claques vigoureuses appliquées sur les omoplates, c’est au tour du dos et des bras d’être pétris. Pour couronner le tout, un roboratif massage du cuir chevelu est assorti d’un tambourinage de crâne et de l’application d’un vibrator sur les tempes qui vous propulse dans un trip jubilatoire. Le tout pour 60 roupies ! Comme le barbier n’est pas vilain garçon et qu’il est visiblement content de m’avoir fait du bien, on se reverra.

En face du temple thaï, je n’avais jamais beaucoup prêté attention à un ensemble de gargotes miteuses et mal éclairées, mais l’autre soir, parti à la recherche urgente d’un collyre, c’est dans ce Market qu’on m’a indiqué une pharmacie ayurvédique qui propose aussi des massages. Alors, dans la foulée du barbier, j’ai décidé de me payer un Full Body, luxe que les gens d’ici ne peuvent guère se permettre vu que son prix représente un salaire hebdomadaire d’ouvrier agricole, mais bon, allons-y !

C’est une chance que je me trimballe toujours avec une serviette à l’épaule pour m’éponger car la couche de ce local sans aération n’était pas absolument impec.
Massage classique, honnête, sans fantaisie. Le massage du visage (en supplément) ne vaut pas celui du barbier. Je vais pour me rhabiller mais le masseur, type paysan longiligne, muscles plats et visage buriné, m’invite d’abord à me reposer. Je m’installe donc en tailleur, ferme les yeux, savoure mon bien-être quand une main se pose sur ma cuisse. Et, sur cette main, la mienne se pose…

Maintenant si tu t’attends à des développements croustillants tu vas être déçue car ce contact ne me cause ni agitation de l’esprit ni d’autre chose. Le masseur par contre trahit une arrière-pensée car il me demande où je loge et se propose de venir me masser à domicile. Quand je lui dis que je séjourne dans un monastère, je vois dans son regard qu’il comprend que son plan n’est pas bon.

Après toutes ces sensations, la faim me prend et je file au resto thaï déguster quelque chose de savoureux et de non-végétarien pour changer de l’ordinaire. Après tout n’est-il pas vrai que l’on savoure encore mieux les choses après avoir travaillé sérieusement à s’en détacher ?